La chorégraphe Yvonne Rainer accuse Marina Abramovic d’exploiter les artistes de l’une de ses performances

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 15 novembre 2011 - 368 mots

LOS ANGELES (ETATS-UNIS) [15.11.11] – La direction du gala du Museum of Contemporary Art de Los Angeles était confiée cette année à l’artiste Marina Abramovic. Son programme impliquait des artistes performers nus, dont la tête dépassait de trous effectués dans une table. Une performance jugée grotesque et avilissante par la chorégraphe Yvonne Rainer.

L’exposition de Marina Abramovic présentée au MoMA l’an dernier avait déjà choqué les visiteurs sensibles. L’artiste serbe récidive cette année, cette fois dans le cadre du gala annuel du Museum of Contemporary Art (MoCA) de Los Angeles, et c’est la chorégraphe Yvonne Rainer qui s’estime heurtée. Tellement heurtée, qu’elle a rédigé une lettre, cosignée par l’historien de l’art Douglas Crimp, pour dire toute son indignation face au programme imaginé par l’artiste.

Le gala des donateurs du MoCA réunit sept cent cinquante invités, parmi lesquels des trustees du musée, des élus ainsi que certaines célébrités. Pour 2 500 dollars (plus de 1 800 euros), ces hôtes ont pu découvrir au moment de passer à table des dizaines d’artistes performers nus, se tenant agenouillés sous les tables rectangulaires du dîner, la tête glissée dans un trou. Les artistes, en tournant sur eux-même, devaient ainsi établir un contact visuel avec les invités durant leur repas. Ces derniers avaient également le loisir de les nourrir. D’autres artistes, étendus nus sur des tables rondes avec de faux squelettes, complétaient l’ensemble.

Une performance qu’Yvonne Rainer qualifie « d’humiliation publique » pour les artistes, arguant que si l’esthétique obtenue rappelle celle du film Salo de Pasolini, Marina Abramovic n’a ni l’envergure, ni les justifications du cinéaste. Elle dénonce l’exploitation de la nudité dans l’unique but de lever des fonds pour le musée. Interrogés par le Los Angeles Times, aucun des artistes performers ne confiait avoir été victime « d’injures corporelles », selon les termes employés par Yvonne Rainer dans sa lettre au directeur du musée.

Pour la chorégraphe, leur consentement en dit long sur les conditions de travail dans le milieu artistique. « Les gens sont prêts à devenir des ornements de table installés par une artiste célèbre », s’indigne-t-elle, et le tout « pour un salaire plus bas que le salaire minimum ! »

En savoir plus

- Marina Abramovic

- MOCA

Légende photo

La chorégraphe Yvonne Rainer - © photo JeanBaptisteParis - 2010 - Licence CC BY-SA 2.0

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