La Smithsonian Institution repousse l’exposition sur les trésors sortis des eaux indonésiennes

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 30 juin 2011 - 539 mots

WASHINGTON (ETATS-UNIS) [30.06.11] - La Smithsonian Institution a dû renoncer à une exposition d'objets chinois en raison de l'opposition d'archéologues qui contestent la manière dont les objets ont été recueillis dans un navire naufragée en Indonésie.

L'exposition « Naufragés : trésors des Tang et vents de Mousson » prévue pour le printemps 2012 a été repoussée à une échéance indéterminée – 2013 au mieux. L'exposition devait avoir lieu dans les musées de la Smithsonian institution, tous deux situés à Washington : la galerie Freer et la galerie Arthur Sackler, et était en débat depuis plusieurs mois.

Le motif de ce contretemps est une contestation de certains archéologues qui affirment que les objets exposés ont été collectés d'une manière qui viole les normes de la profession. Les objets chinois datant de la dynastie Tang ont été récupéré après un naufrage, d'où le titre de l'exposition « Naufragés ».

En 1998, les pêcheurs locaux avaient découvert un vase antique dans un navire au fond de l’eau, au large de la côte de l'île de Belitung en Indonésie alors qu'ils étaient de plongée pour pêcher des concombres de mer.
Le navire, serait originaire du Moyen-Orient, et contenait environ 60 000 objets en or, argent et céramique du IXe siècle de la dynastie chinoise des Tang.

« Ce naufrage est l'un des naufrages les plus importants des temps modernes » explique James Delgado, un archéologue nautique « «C'est la seule épave à ce jour que nous avons trouvée qui apporte directement des preuves archéologiques de l'échange entre le monde arabe et le monde chinois ».

La question du pillage est d'abord avancée, puisque c'est une pratique connue dans cette région. La réglementation est très légère et les pêcheurs ont donc pillé l’épave. Des objets ont été mis en vente sur eBay. La commercialisation du patrimoine culturel est interdite. Finalement, le gouvernement indonésien a pris le contrôle de la situation et a engagé Seabed Explorations, une entreprise de récupération commerciale allemande pour fouiller le site. L'exposition a ensuite été conçue par le gouvernement de Singapour, qui a acheté les objets pour 32 millions de dollars à Seabed.

Aujourd'hui c'est donc la Smithsonian Insitution qui prévoyait d'exposer les objets, mais elle fait partie du Conseil des musées maritimes américains dont la charte précise que les membres « ne doivent pas exposer des objets qui ont été volés ou retirés de site exploités commercialement ».

Kimberly Faulk du Conseil consultatif sur l'archéologie subaquatique, considère que la Smithsonian ne devrait pas montrer les objets : « les objets n'ont pas été découverts correctement. Ce sont des objets qui ont été pillés et vendus pour faire du profit ». Selon Faulk, des archéologues creusent pour la connaissance et non le profit. James Delgado affirme que l'opération aurait dû prendre des années, et non les quelques mois nécessaire à Seabed. Il précise la procédure qui aurait dû être appliquée : « Nous entrons dans la salle, nous ne touchons à rien. On répertorie, on photographie, ensuite, et seulement là, nous pouvons commencer à ramasser les preuves. Dans ce type de preuve, vous déplacez des millénaires de limon et ramassez les objets prudemment ».

Selon le porte-parole, le délai prévu laissera le temps au directeur Julian Raby de répondre aux préoccupations des archéologues.

Légende photo

Smithsonian Museum of Asian Art (à gauche) - © photo Carl Malamud - 2004 - Licence CC BY-SA 2.0

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