Les hauts et les bas de la première session de la vente « Gourdon » chez Christie’s

Par Armelle Malvoisin · lejournaldesarts.fr

Le 30 mars 2011 - 586 mots

PARIS [30.03.11] - La première session de vente de la collection d’Art déco du château de Gourdon, qui s’est tenue mardi 29 mars en soirée, a confirmé la cote des grands classiques du genre, mais pas celle des créateurs modernes.

Annoncée comme la plus grande vente de tous les temps pour l’Art déco (365 lots pour un total estimé de 32 à 47 millions d’euros), la vente de la collection du musée privée du château de Gourdon a démarré le 29 mars à Paris, au Palais de Tokyo, sous le marteau de François de Ricqlès, président de Christie’s France.

Cette première partie mettait en exergue une sélection de 77 « chefs-d’œuvre du XXe siècle », estimée 21 à 32 millions d’euros (soit les deux tiers de la vente en valeur). Elle n’a pas battu son plein avec 17 pièces invendues et n’a pas non plus consacré les créateurs de L’UAM (Union des Artistes Modernes) dont la cote reste à la traîne par rapport à celle des représentants d’un Art déco plus classique comme Jacques-Émile Ruhlmann. Ce dernier a décroché quatre des cinq plus belles enchères de la soirée qui a totalisé 24,3 millions d’euros.

Classée « trésor national », la « Chaise-longue aux skis » dite du Maharadjah a été vendue 2,8 millions d’euros (record pour Ruhlmann) et le bureau « Tardieu » avec son fauteuil a été acheté par l’antiquaire parisien Cheska Vallois pour 2,3 millions d’euros. Deux meubles précieux de Ruhlmann, en ébène de Macassar, ont créé la surprise : une cave à liqueur « Nicolle » et une commode « Lassalle », estimés au mieux 400 000 et 700 000 euros, ont été emportés pour 1,5 et 1,8 millions d’euros par un collectionneur européen et un amateur asiatique au téléphone, sous les applaudissements du public.

La présence d’ivoire et d’écailles de tortue sur ces meubles, empêchant leur importation aux États-Unis (selon la législation en vigueur), avait écarté les collectionneurs américains de la compétition qui se sont rattrapés sur d’autres achats tel un petit meuble à fard de Ruhlmann, parti à 649 000 euros, au double de l’estimation basse.

Les ventes ont en revanche été plus décevantes pour les créations modernes aux lignes épurées. Parmi les invendus, on compte plusieurs pièces de Pierre Chareau dont un iconique lampadaire « Religieuse » estimé 400 000 euros et un fauteuil « Transat » d’Eileen Gray ravalé sous la barre des 600 000 euros. Même les lots aux estimations plus attractives n’ont pas décollé : un paravent en Duralumin par Louis Sognot et Charlotte Alix (est. 70 000 euros), provenant de la collection Charlotte Alix, ainsi qu’un petit bureau en métal et verre de René Herbst (est. 80 000 euros) n’ont pas trouvé preneur. Le mobilier de Francis Jourdain, faiblement estimé car peu coté aux enchères, n’a pas eu la reconnaissance espérée par celui qui le défend depuis de nombreuses années, le galeriste parisien Denis Doria. Ce dernier a racheté les trois pièces présentées pour moins de 200 000 euros. Même la sculpture « Jeune fille », pièce unique de Gustave Miklos, vendue 1,3 million d’euros (contre une estimation de 500 000 à 700 000 euros), a subi une décote : elle avait été achetée 1,8 million d’euros par le propriétaire de Gourdon en 2005 à Paris chez Camard. La bonne affaire pour les musées nationaux qui ont préempté à leur prix de réserve quatre meubles de Robert Mallet-Stevens provenant de la villa Cavrois (Nord-Pas-de-Calais).

La vente qui se poursuit le 30 mars, s’achèvera le lendemain sur un chapitre consacré à « L’UAM et la Modernité  » avec beaucoup moins d’optimisme que prévu.

Légende photo

Jacques-Emile Ruhlmann, Bureau Tardieu, modèle 1517, 1929, laque cellulosique - Vendu 2,3 millions euros (estimation : 2 000 000 - 3 000 000 euros) @ Christie's

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