Livre

Le manuel d’histoire de l’art de Laurent Fabius

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 7 septembre 2010 - 457 mots

PARIS [07.09.2010] – Mardi 7 septembre, en pleine journée d’action sociale, sort en librairie le nouveau livre de Laurent Fabius. Mais il ne s’agit ni d’un ouvrage politique, ni d’une autobiographie, mais bel et bien d’un manuel d’histoire de l’art.

Il y avait le Gombrich, le Thuiller, le Lemoine : devra-t-on aussi parler du manuel d’histoire de l’art de Laurent Fabius ? Porté par le succès du Festival impressionniste, le député de Seine-Maritime présente dans un nouveau livre, « douze œuvres qui ont contribué à faire la France », douze dessins ou tableaux dont l’image a façonné la représentation que l’on se fait de la France, dans l’hexagone mais aussi à l’étranger : Le Serment du Jeu de Paume de David, une cathédrale de Monet, un tableau de Picasso. Plus que douze œuvres ce sont douze thèmes, le peuple, la France parlementaire, l’insouciance, que Laurent Fabius examine en s’appuyant sur de nombreuses œuvres, conférant ainsi à l’ouvrage une vocation pédagogique.

On aurait pu croire que l’ancien premier ministre produise un essai politique soutenu prenant comme point de départ l’iconographie de ces œuvres. Pas du tout, le dernier-né d’une lignée de marchand d’art, autodidacte en art et amateur passionné, nous livre son propre regard sur l’histoire de l’art en France depuis le XVIIe, avec une préférence pour le XIXe, comme il le révélait dans un récent entretien qu’il avait accordé à L’ŒIL. Par construction et, par goût personnel, la peinture figurative est privilégiée, même si l’auteur pousse l’audace jusqu’à Soulages et Tintin.

Alors bien sûr, le « manuel Fabius » n’est pas exempt de quelques inexactitudes et oublis. Il fait ainsi l’impasse sur le Naturalisme pourtant si caractéristique du XIXe. On pourra également lui reprocher ses affirmations un peu définitives (« L’un des rares peintre de l’époque à … » ou « Il consacre l’entrée de la ville dans la peinture... »), que les historiens de l’art évitent comme la peste, conscients que de nouvelles découvertes peuvent toujours remettre en cause leur théorie.

Mais c’est justement ce qui fait l’intérêt du livre. On apprécie la fraîcheur du style, un vocabulaire non jargonnant, des analyses simples. Fabius ose parler de « mode » et de « style », des expressions souvent bannies en histoire de l’art. Il emploie à plusieurs reprises le « je », soulignant ainsi une certaine subjectivité. Pourtant il s’efforce de produire une œuvre pérenne, les descriptions d’œuvres sont bien senties et les analyses souvent pertinentes. Il ne faut d’ailleurs surtout pas chercher la moindre allusion à la vie politique française, la moindre critique. On trouvera tout au plus un couplet obligé sur les difficultés de l’art français à l’étranger. Laurent Fabius veut délibérément ranger son livre dans le rayon art.

Laurent Fabius, Le Cabinet des douze. Regards sur des tableaux qui font la France, Gallimard, 210 pages, 22,5 €

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Laurent Fabius (2010) - © Photo Baptiste Lignel

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