Prêter des oeuvres d’art à la France serait une affaire risquée selon les conservateurs britanniques

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 31 août 2010 - 481 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [31.08.10] – Selon des experts du patrimoine britanniques, la confiance accordée aux Français en matière de protection d’oeuvres d’art à l’occasion de prêts est en baisse.

En France, les musées et les galeries seraient-ils de moins en moins sûrs pour les oeuvres d’art ? C’est ce que pensent certains conservateurs britanniques. Joséphine Oxley, conservatrice à l’English Heritage, a déclaré au Telegraph que les musées et les galeries anglais sont de plus en plus réticents à prêter des oeuvres outre-Manche en raison de craintes concernant leur protection.

Les musées français, au premier rang desquels les musées parisiens, seraient une cible facile pour les voleurs. Cette conclusion se fonde sur l’analyse de la base de données Interpol qui, en 2009, a montré que la France et l’Italie étaient les deux pays européens les plus vulnérables dans ce domaine.

Dernier exemple en date : en mai 2010, le vol spectaculaire de cinq tableaux de maîtres modernes estimés à plus de 100 millions d’euros au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris a soulevé des questions sur l’état de la sécurité dans les musées parisiens. Même si le nombre de vols dans les musées français a baissé depuis 1998, année durant laquelle il avait atteint le chiffre record de 48 en un an, le nombre moyen de vols reste cependant élevé, avec une moyenne de 35 par an depuis 1995, précise le quotidien anglais.

Pour appuyer ses propos, Joséphine Oxley fait également référence aux incidents survenus ces derniers mois dans certains musées de la métropole. En 2007, un triptyque de Cy Twombly d’une valeur de 1,4 million de livres, exposé à la collection Lambert en Avignon, avait été tâché de rouge à lèvres par un visiteur. La conservatrice cite également la détérioration d’une oeuvre de Craig Kauffman au Centre Pompidou en 2005. Le panneau en plexiglas était brusquement tombé du mur pendant l’exposition. Une enquête avait déterminé une erreur humaine lors de l’accrochage et le musée avait présenté ses excuses tout en reconnaissant ses responsabilités. Plus récemment, en mai 2010, le pendule de Foucault a été endommagé après la rupture du câble qui le retenait au plafond du Musée des Arts et Métiers de Paris.

Néanmoins, il faut nuancer cet aspect dans la mesure où le risque zéro n’existe pas quand on s’engage à prêter des oeuvres d’art à l’étranger, a tenu à souligner un responsable de l’UK Registrars Group, un organisme qui aide à superviser l’entretien des collections des musées. De plus, il faut préciser que les normes de sécurité et de garanties diffèrent selon les pays.

Certes, des critiques à l’encontre de la France peuvent être émises, mais l’insécurité n’est pas que l’apanage des musées français. Le Royaume-Uni n’est pas exempt d’exemples de dégradations. À la Tate Britain, un enfant n’a-t-il pas réussi à franchir les barrières de sécurité pour laisser ses empreintes sur une toile de Mark Rothko ?

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Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris - Photographe : Alfred Janniot - Licence Creative Commons 3.0

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