Bilan en demi-teinte pour la Conférence du Caire sur la restitution des objets « volés »

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 12 avril 2010 - 539 mots

LE CAIRE (EGYPTE) [12.04.10] – La conférence internationale sur la restitution des objets « volés » a permis l’élaboration d’une première liste d’antiquités revendiquées en priorité sans pourtant conduire à la mise en place d’un plan d’action commun concret.

Au terme de deux jours de débats – 7 et 8 avril 2010 – sept pays sur les vingt présents à la fin de la conférence internationale sur la restitution des antiquités « volées » ont abouti à la constitution d’une liste d’œuvres antiques prioritaires, a indiqué Zahi Hawass, le chef du Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA) selon l’AFP. Pour autant et même si cette réunion a été qualifiée d’ « historique » par M. Hawass, les pays n’ont pas encore mis en place des mesures d’action communes.

Sans grande surprise, l’Egypte réclame le retour de six pièces de grande valeur conservées dans divers musées étrangers : le buste de Néfertiti (Berlin), la pierre de Rosette (British Museum à Londres), le zodiaque de Denderah (Louvre à Paris), le buste du dignitaire Ankhaf (Boston), la statue de Ramsès II (Turin) et enfin la statue de Heminiu (Hildesheim, Allemagne).

Six autres pays ont également présenté leur liste. Le Pérou réclame le retour des œuvres incas du Machu Picchu du musée de l’Université de Yale et les objets de la culture Paracas conservés au Musée des cultures du monde à Göteborg en Suède. La Grèce reste plus que jamais fidèle à la restitution des frises du Parthénon détenues par le British Museum.

La Syrie, quant à elle, réclame cinq œuvres possédées par les musées du Louvre, de l’Hermitage et le Musée national de Copenhague ; le Nigéria, un masque et une tête en bronze respectivement au British Museum et au Musée de Francfort. La Libye réclame la statue d’Apollon et des pièces du British. Enfin, le Guatemala revendique des objets à la Suisse ainsi qu’à plusieurs musées américains.

Zaha Hawass a précisé que les autres pays avaient jusqu’au mois de mai 2010 pour également fournir leur propre liste et n’a pas manqué de constater l’absence – significative ? – des pays « voleurs » comme la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

Par ailleurs, le fait que la conférence n’ait pas réussi à mettre en place un plan d’action concret révèle toute la difficulté – inhérente – à la campagne menée par Zahi Hawass. L’exemple de l’Italie est parlant. La représentante de la délégation italienne, Jeanette Papadopoulosa décrit son pays comme une des principales victimes de l’expropriation culturelle, mais lorsqu’on lui demande si l’Italie est prête à restituer à l’Egypte la statue de Ramsès II, elle répond « ce ne sera pas moi qui la ramènera », rapporte Bloomberg.

Les pays revendicateurs doivent compter avec la réticence des musées qui ne veulent pas briser leur collection d’autant plus que certains objets ont été acquis légalement bien que Hawass parle toujours de « vol ».

Zahi Hawass a déclaré son intention d’organiser une deuxième conférence en 2011. D’ici là, il s’engage à « mener la vie dure » aux musées qui doivent s’attendre à d’autres opérations médiatiques de la part du chef du CSA à l’exemple de celle menée en 2009 – il avait menacé de suspendre et fouilles françaises en Egypte – pour la restitution des fresques détenues par le musée du Louvre.

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