La restitution de manuscrits royaux en marge d’une visite de Bernard Kouchner en Corée du Sud

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 16 mars 2010 - 423 mots

SEOUL (COREE DU SUD) [16.03.10] – Le retour des manuscrits royaux saisis par l’armée française en 1866 fait partie des discussions entre Bernard Kouchner et son homologue coréen, Yu Myung-hwan, lors de sa visite en Corée du Sud prévue le 19 mars 2010.

« Les ministres doivent discuter du retour des manuscrits coréens, l’un des sujets pendants entre les deux pays » a indiqué lundi 15 mars 2010, le porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères à l’AFP. Ainsi, la France et la Corée du Sud pourraient probablement trouver un dénouement à une histoire de manuscrits qui mine leurs relations depuis le XIXe siècle.

La restitution concerne 297 des 3895 volumes des Protocoles royaux de la dynastie Joseon – au pouvoir dans la péninsule coréenne de 1392 à 1910 –, appelés aussi Uigwe. Ces manuscrits, mêlant textes et illustrations, qui établissent les règles de cérémonies officielles et la vie de cour de la dynastie avaient été saisis en 1866 par les militaires français lors d’une expédition punitive après des persécutions infligées à des missionnaires catholiques.

Depuis plus d’un siècle, ces manuscrits – inscrits en 2007 par l’UNESCO au registre international Mémoire du monde – sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) dans le fonds chinois et sont passés dans le patrimoine national français. Depuis 2008, ils sont numérisés et accessibles sur Gallica.

Les manuscrits ont été « découverts » en 1975. Depuis, le gouvernement sud-coréen a réclamé leur restitution à plusieurs reprises. En 1993, le président François Mitterrand avait rendu un volume de l’ensemble au gouvernement coréen. Une solution intermédiaire avait été trouvée : le prêt permanent.

En janvier 2007, l’ONG sud-coréenne Munhwa Yondae avait intenté une action pour obtenir la restitution des manuscrits. En décembre 2009, elle a été déboutée par le tribunal administratif de Paris. Celui-ci justifiait alors sa décision par le fait que les manuscrits appartenaient à l’Etat français car conservés à la BNF et invoquant une règle de prescription de l’ONU pour des faits commis avant 1970. L’ONG a fait appel en janvier 2009.

A l’été 2009, Jack Lang avait relancé le sujet. Aujourd’hui, la France cherche une solution diplomatique au contentieux. Comme François Mitterrand l’avait envisagé, il y a dix-sept ans, le Quai d’Orsay pourrait proposer un « prêt de longue durée » des 296 autres volumes.

Cette affaire relance encore une fois le débat au sujet de la restitution des biens culturels pris par les puissances impérialistes du XIXe et XXe siècle à leur pays d’origine qui réclament de plus en plus le retour de leurs biens.

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