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La personnalité controversée du détective de la Renaissance

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 12 mars 2010 - 504 mots

ROME / ITALIE

ROME (ITALIE) [12.03.10] – Pourtant ni expert, ni historien d’art, ni scientifique, Silvano Vincenti, s’improvise détective et cherche à élucider quelques-un des plus grands mystères de la Renaissance. Travail sujet à controverse.

Présentateur de télévision et écrivain de son métier, Silvano Vincenti, 60 ans, a décidé de faire carrière en fouillant les sombres affaires du Trecento (XIVe siècle) au XVIIe siècle. Une reconversion qui lui attire les critiques des spécialistes.

Après avoir déterré les restes du poète Dante Alighieri pour reconstruire numériquement son visage, ceux de Pétrarque et découvrir que la tête du poète avait été remplacé par le crâne d’une jeune fille, il a annoncé dernièrement son intention d’exhumer Léonard de Vinci. Son but : résoudre une énigme qui divise les experts, la Joconde est-elle un autoportrait du peintre ou pas ? Et prouver qu’il était végétarien !

Le travail de Vincenti est discuté en Italie en grande partie parce que l’homme n’est ni scientifique ni historien de formation. Né à Scandiano (dans la région d’Emilie-Romagne au nord de l’Italie), Silvano Vincenti s’essaie à la poésie avant de faire carrière à la télévision. Sa première découverte remonte aux années 2000. Depuis, il accumule les trouvailles – et les corps ! – qu’il expose à la télévision et dans ses d’ouvrages.

Vincenti et ses collègues travaillent à « un mauvais usage des médias de masse » qui détourne le public de la recherche historique sérieuse a déclaré Franco Cardini, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Florence.

N’en demeure pas moins – et cela malgré le scepticisme de certains historiens d’art – que ses recherches ont souvent abouties à des résultats concluants. Il avait déduit que le philosophe, Pic de la Mirandole, était mort d’un empoisonnement – grâce aux traces d’arsenic retrouvées sur ses os – théorie avancée par les historiens reconnaît Cardini.

Ses autres atouts majeurs : son bon sens politique et sa détermination. Les contacts qu’il a acquis pendant sa carrière lui permettent d’être moins tributaires des procédures d’autorisation – parfois longues et difficiles à obtenir – auprès des institutions culturelles qui étouffent d’autres chercheurs. « Il a les clés de toutes les bonnes portes » précise un de ses collaborateurs. Pour sa part, Silvano Vincenti se dit principalement guidé par son instinct.

Depuis 2009, Vincenti et une équipe de scientifiques s’attèlent à élucider le mystère de la mort du Caravage et ont l’espoir d’effectuer une autopsie tardive grâce à des analyses ADN et au carbone 14.

Quatre cent ans après, les causes de sa mort, survenue en 1610, ne sont toujours pas connues. Dans un article récent, Vincenzo Pacelli, historien d’art à l’Université Frédéric II de Naples, avance l’hypothèse que le peintre – au caractère impétueux – condamné pour avoir tué un homme lors d’une rixe, aurait été assassiné par les Chevaliers de l’Ordre de Malte avec l’approbation tacite du Vatican. Théorie que le Saint Siège a refusé de commenter et que l’Ordre de Malte qualifie de « science-fiction ». Pour Silvano Vincenti, la cause de sa mort est moins scandaleuse : c’est une maladie qui l’aurait tuée.

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