Biennale

En direct de la Biennale de Venise : jeudi 4 juin

Par Simon Hewitt · lejournaldesarts.fr

Le 4 juin 2009 - 824 mots

VENISE (ITALIE) [04.06.09]- Notre envoyé spécial continue son exploration quotidienne de la Biennale. La journée d’hier a été dominée par l'ouverture de la Punta della Dogana et marquée par la présence des Russes.

La pointe de la Douane

Debout à 5h, vol à 8h, et c'est vers 11h que mon vaporetto me dépose au palais Ca' Rezzonico à côté du Grand Canal, pour (re)voir une exposition de la Stella Foundation. Malheureusement, c’est quasiment la même que j'ai vue en automne au Kunsthistorisches Musuem de Vienne. Sous les ors rococo du Rezzonico, l'art contemporain russe ne manque pas d'éclat, mais ne séduit guère les touristes moscovites qui se pressent dans les autres salles. Note : 5/10. Déjà vue.

12h - Sur le toit du Musée Peggy Guggenheim, plus loin sur le Canal, les discours d'inauguration sont prévus pour midi mais tout ce qui arrive, ce sont des serveurs, du Cinzano et Nic Iljine, conseiller européen pour le Guggenheim de New-York, bavardant avec le berlinois Volker Diehl, premier galeriste étranger a s'installer à... Moscou, où j'ai vu son show inaugural (Jenny Holzer) en mai 2008. "Je n'y vends rien" admet Diehl. "Mais je tiendrai bon." A côté du toit, la tour néo-gothique en dentelle mécanique, oeuvre de Wim Delvoye que nous sommes censés inaugurer, s'impatiente.

12h30 - La foule finit par débarquer chez Peggy Guggenheim mais ça grouille depuis belle lurette à la Punta della Dogana au bout du Grand Canal. Le nouveau vaisseau du Capitaine Pinault, toutes voiles (et drapeaux bretons) dehors, reçoit un accueil mitigé. Sympathique : les plus grandes salles avec leurs Sigmar Polke géants ou leurs tabourets multicolores de Rachel Whitehead, ainsi que les modèles architecturaux de Mike Kelleys, iridescents dans la pénombre ; pénible, le peu de cas que Takao Ando a fait de l'architecture initiale des années 1680, préférant des pans de béton. Note : 6/10. A revoir.

13h30 - En route pour le déjeuner de presse, des autocollants sur le trottoir nous invitent vers le petit Pavillon de la Slovénie, recouverts de dessin et de scotch par Mihai Strukelj (Ljubljuna). Note : 4/10. Terne.

14h - Ternes, aussi, les lasagnes. Mais joli cadre (Palazzo Barnabo) avec ses buis, ses roses, ses sculptures, ses nénuphars et Jean-Jacques Aillagon avec un chapeau de paille.

14h30 - L'expo Pinault se déploie sur deux endroits : à la Dogana (Mapping the Studio) et au Palazzo Grassi, où une musique disco résonne dans la cour intérieure, avec ses carreaux multicolore. Sinon, du Pinault classique, porno-chic, crânes à gogo et humour d'ado... Note : 5/10. Sans surprise.

15h - Le Palazzo Fortuny se cache loin du Canal mais vaut le détour. Pour Ad-Infintum, l'expo d'Axel Vervoordt, le 4e étage - habituellement fermé - reçoit un labyrinthe composé de vieux poteaux de gondoliers récupérés par Tatsuro Miki, où une sculpture de Miro côtoie un excellent Dubuffet et un mauvais Picasso. Sur trois étages sur 4, c'est Axel au mieux de sa forme minimaliste. Ailleurs, on retrouve le fouillis de son expo Academia, aux Beaux-Arts de Paris en septembre dernier. Note : 8/10. Globalement zen.

15h45 - Jamais deux sans trois pour le marin russe Alexander Ponmomaryov : après les Tuileries (FIAC 2006) et la Biennale de Moscou (2007), revoici son sous-marin psychédélique, rebaptisé SubTiziano, recrachant des chansons soviétiques en face du Palazzo Grassi et ses videurs aux lunettes noires. Note : 5/10. Fallait oser.

18h15 - Dubossarsky & Vinogradov, apôtres du kitsch néo-russe, ont investi le Palazzo Bollani. Leurs immenses toiles, pastiches de chefs-d’œuvre, peuplés de héros modernes (de Picasso à Obama), semblent à peine sèches. Un mur d'écrans vidéo montre les visiteurs en train d’être surveillés, justifiant ainsi le titre de l'expo (Danger Museum). Note : 4/10. Inepte.

20h - L'Arsenale Novissimo se trouve à 200m de l'Arsenal... à la nage, mais à 1200m à pied. Tout le monde se perd ! Mais cela vaut la peine d'insister : de vastes entrepôts abandonnés hébergent une expo décoiffante, Unconditional Love, emmenée par une nouvelle vidéo (trois écrans, salle circulaire) d'AES F (groupe moscovite), qui régale les yeux et les oreilles avec son armée de perroquets, ses paons menaçants, et le deuxième mouvement de la 7e symphonie de Beethoven. Comme contraste, Exodus, vidéo en noir et blanc d'Almagul Menlibayeva (Kazakhstan), que j'ai vu jeudi dernier à Turin, lors de l'excellente expo sur les artistes d'Asie Centrale organisée par la nouvelle Fondation 107. Plus loin sur le quai, Jan Fabre dispose de deux hangars pour son installation From The Feet to the Brain. Note : 9/10. Epique.

22h - En rentrant, nous croisons une fête de rue devant une église... devant l'autel, des sculptures en résine par Kevin Frasor Grey ; à l'étage, des tableaux colorés de Giuseppe Gonella. C'est organisé par la Move Over Gallery de Naples, et n'a rien à voir avec la Biennale. Et alors ? Ca fait dix expos pour la journée. Pas mal pour commencer !

Légende photo : la pointe de la douane - Venise - © D.R

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