Sage vernissage pour la TEFAF 2009

Par Marie Maertens · lejournaldesarts.fr

Le 13 mars 2009 - 727 mots

MAASTRICHT (PAYS-BAS) [13.03.09] - La célèbre foire d’antiquaires de Maastricht ouvre officiellement ses portes vendredi 13 mars. Mais dès jeudi, collectionneurs et VIP ont pu arpenter les vastes allées. Notre envoyée spéciale Marie Maertens était parmi eux et décrit une ambiance toujours luxueuse mais plutôt sage.

%26copy; Tefaf Maastricht

En cette période incertaine, la question est sur toutes les lèvres. Comment va se dérouler l’une des plus importantes foires d’antiquaires du monde ?
La Tefaf avait tout fait pour rassurer les acheteurs, notamment en les entourant, dès l’entrée, de senteurs de milliers de roses reboutées sur des murs entiers. Midi sonne, la foire ouvre ses portes. Le climat est plus attentiste que d’habitude et les marchands guettent avec impatience leurs habitués. Les collectionneurs privés et les acheteurs institutionnels marchent tranquillement, s’interrogent et comparent les prix. Puis, on reconnaît les trustees des musées américains… Les ventes débutent, les traits se détendent. Peu à peu, le champagne coule à flot et les élégantes, rivalisant de tenues, de bijoux et de sacs Kelly, se jaugent, c’est bon signe… La Tefaf semble être demeurée une bulle où le luxe et l’argent peuvent encore s’afficher.
 
Pourtant, l’accrochage général témoigne de la frilosité ambiante. Dans la section art moderne et contemporain, qui prend une place grandissante, les exposants affichent « les grands noms ». Même si la Tefaf est loin d’être un lieu d’avant-garde, les découvertes se font encore plus rares et les valeurs sûres plus présentes. On dénombre six huiles de René Magritte, disséminées chez Odermatt-Vedovi, Van de Weghe, Landau, Keitelman, Ben Brown et la galerie Trigano. Ces deux dernières ont profité de l’ouverture à dix-huit nouveaux exposants pour inaugurer leur première venue. Certaines galeries exposent de petites monographies. Krugier se consacrait en partie à Picasso, en exposant les meilleures feuilles du Carnet Dinard, datant de 1928, en partie à de beaux Joan Miró et Jean Arp. La galerie Thomas a tenu le pari de réunir une dizaine de toiles de Chaïm Soutine, s’échelonnant de 1918 à 1939. Mais certains stands semblent essayer de reproduire la formule qui marcha l’année dernière. Ainsi, chez Haunch of Venison, s’admirent une vidéo de Bill Viola, plusieurs Damien Hirst, des Richard Prince, comme en 2008… L’art contemporain est aussi l’endroit où l’on pourra décerner la palme de la croûte à la galerie Marlborough, qui a osé exposer deux artistes que la crise aurait du faire oublier : Zhang Qikai et Joan Genoves.

Trois heures après l’ouverture, Franck Prazan, avait déjà cédé son huile de Soulages, datée de 1958, tout en soulignant que la vraie difficulté serait de retrouver une œuvre de telle qualité. « Les collectionneurs qui détiennent ce genre de pièce sont moins vendeurs aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été. » Jacques de la Béraudière était aussi heureusement surpris par les bonnes affaires qu’il venait de réaliser, arguant avec une pointe de facétie que : « seule la qualité se vend bien à notre époque  »…
Une huile du Douanier Rousseau côtoie une toile transparente (surexposant deux sujets) de Picabia et une sculpture de Rodin, L’Ombre, qui est l’un des trois éléments de la Porte de l’Enfer, dont il n’a été tiré, sous cette forme, que quatre bronzes.

Du côté des peintures anciennes, le chef-d’œuvre de la foire est à découvrir chez Eric Coatalem, qui a réussi « après avoir fait la danse du ventre… » à obtenir le mandat de vente d’un tableau de Zurbarán chez un collectionneur privé belge. Comme toute danse mérite salaire…, le galeriste demande 12 millions d’euros pour cette œuvre. Exécutée vers 1628 pour le couvent de la Merci, elle fit partie d’une commande de 15 toiles, dont certaines se trouvent aujourd’hui au musée du Prado ou dans la collection du Duc de Westminster. Un autre tableau majeur représente Le Christ embrassant la croix. Il est signé El Greco et proposé par la galerie espagnole Caylus.
 
A l’étage, la toute nouvelle session consacrée au design se révèle très soignée, notamment sur les stands des marchands Bel Etage, François Laffanour, Philipp Denys et Eric Philippe. Ce dernier a vendu durant la première heure son sofa en chêne sablé, signé d’Axel Einar Hjort et aurait pu le céder plusieurs fois. La Tefaf 2009 s’est imposé, durant ces premières heures, comme un marché sain et équilibré. Pour le vent de folie ou peut-être davantage de prise de risque, il faudra revenir en 2010 !

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