L’authenticité du Colosse de Goya remise en question

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 15 avril 2008 - 395 mots

MADRID (ESPAGNE) [15.04.08] – L’exposition Goya en temps de guerre, qui débute mardi 15 avril au Prado, relance le débat autour de l’authenticité d’une des œuvres les plus connues du peintre, Le Colosse. Dans le doute, le chef-d’œuvre ne sera pas exposé.

'Le Colosse'

Le Colosse se trouve dans la collection du Prado depuis environ 80 ans. Cette œuvre, peinte vers 1808, (année qui marque le début de la révolte du peuple espagnol contre la domination française), symbolise les horreurs de la guerre. On s’attendait donc à la voir exposée comme pièce centrale de l’accrochage du Prado, qui réunit 200 peintures, dessins et gravures de Goya réalisées pendant la guerre d’Espagne. Le directeur du Prado, Miguel Zugaza, a pourtant décidé de l’exclure, doutant de son authenticité : « Une étude est en cours et nous en transmettons les résultats dans quelques mois – en premier lieu à la communauté scientifique (…) – dans le bulletin officiel du musée. » Les spécialistes de Goya sont étonnés : « Ce n’est tout de même pas normal que la communauté scientifique doive attendre le bulletin officiel du musée pour en savoir plus. (…) Cela aurait été plus respectueux de consulter les experts ou du moins de proposer un débat sérieux, avant de causer des dommages irréparables à la réputation de cette peinture. »

Juliet Wilson-Bareau, historienne d’art et commissaire d’exposition britannique, avait remis en cause l’authenticité de cette œuvre lors d’une exposition au Metropolitan Museum of Art de New York en 1995. Aujourd’hui, elle fait partie du comité scientifique qui organise l’exposition du Prado. Elle avait mis en cause la légitimité d’une autre œuvre de Goya, La laitière de Bordeaux, et sa thèse avait été validée par la communauté scientifique. Mais ses doutes quant à l’authenticité du Colosse laissent ses confrères sceptiques.

Nigel Glendinning, professeur d’histoire de l’art à l’université de Londres, a écrit un essai qui défend l’authenticité de l’œuvre. Il déplore la décision du Prado : « Ils auraient pu au moins la mettre à part, en expliquant les raisons de cet isolement, au lieu de priver le public d’une œuvre aussi connue et aussi appréciée. » Ce sera donc un autre chef-d’œuvre de Goya, La révolte du 2 mai, qui sera la pièce phare de l’exposition. Très abîmée pendant la guerre civile sous Franco, elle a récemment été restaurée par l’équipe scientifique du Prado. (source The Independant)

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