Patrimoine

Beaux-Arts de Paris fait l'acquisition du reliquaire d'Héloïse et Abélard

Par Bénédicte Gattère · lejournaldesarts.fr

Le 12 décembre 2017 - 441 mots

PARIS

PARIS [12.12.17] - Grâce au mécénat, le reliquaire constitué au début du XIXe siècle par Alexandre Lenoir autour des figures mythiques d'Héloïse et Abélard entre dans les collections de l'École nationale supérieure des beaux-arts.

Par le biais de cette acquisition, le reliquaire d’Héloïse et Abélard renoue en quelque sorte avec ses origines, l'École nationale supérieure des beaux-arts, devenue Beaux-Arts de Paris étant l'héritière du Musée des monuments français, créé par Alexandre Lenoir dans l'ancien couvent des Petits-Augustins. L'école, qui vient d'obtenir le label « musée de France », a récemment fait entrer dans ses collections le coffret-reliquaire commémorant l'histoire d'Héloïse et Abélard. En 2006, les Archives nationales avaient souhaité faire l'acquisition de ce bien, sans succès. Contacté par le Journal des Arts, l’école a confirmé avoir eu le soutien exclusif d'une « entreprise très importante » mais n'a pas souhaité révéler son nom pour le moment. Le prix de l'acquisition est d’environ 150 000 euros.

Le reliquaire d'Héloïse et Abélard, considéré comme « une œuvre présentant un intérêt majeur pour le patrimoine national », se compose de plusieurs pièces collectées par Alexandre Lenoir, fondateur du Musée des monuments français. Véritable « reliquaire laïc », comme il y en eut en vogue au XIXe siècle, il comprend un osselet d'Abélard, une phalange et une dent d'Héloïse disposés dans deux capsules cerclées d'ivoire prélevés par Lenoir. Il comporte en outre une aquarelle, un volume autographe d'Alexandre Lenoir portant sur l'histoire des reliques elles-mêmes et des volumes reprenant ou analysant les célèbres Lettres des deux amants d'Héloïse et Abélard, dont trois datés de 1795 reprenant leur correspondance. Le tout est enfermé dans un coffret en maroquin noir et filets d'or à motif central néogothique.

Avec la redécouverte de leurs écrits, Alexandre Lenoir n'échappât sans doute pas à la fascination exercée par le destin romantique de ces amants du Moyen Âge en ce XIXe siècle marqué par un regain d'intérêt pour cette période de l'histoire. En peinture et en architecture, cet historicisme se traduisit par l'émergence des styles troubadour et néo-gothique.

Après avoir composé son coffret commémoratif, Lenoir l'offrit en 1817 à la comtesse Dumont de Frainays. Il a ensuite été vendu en 1861 au moment de sa succession. Il connut consécutivement une histoire houleuse, passant de mains en mains. Propriété des princes de Hohenzollern-Sigmaringen, le coffret fut alors placé à l'intérieur d'une seconde boîte en bois d'amarante. D'autres imprimés concernant l'histoire des amours du théologien et de la jeune nièce du chanoine Fulbert furent ajoutés. Jusqu'à présent, le reliquaire se trouvait être en possession d'un collectionneur français préférant garder l'anonymat.

L'acquisition de ce bien a été permis grâce à la loi mécénat de défiscalisation.

Légende photo

Tombeau de Pierre Abélard (1079-1142) et Héloïse d'Argenteuil (1101–1164) réalisé, en 1817 par Alexandre Lenoir (1761-1839), à partir de fragments de la chapelle de l'abbaye du Paraclet et du tombeau du prieuré Saint-Marcel. La chapelle sépulcrale est ornée de colonnes, d'ogives et d'un clocher percé à jour. Sur le catafalque reposent deux gisants représentant Héloïse et Abélard - Cimetière du Père-Lachaise à Paris © Photo Pierre-Yves Beaudouin - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0

Thématiques

Tous les articles dans Campus

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque