Nomination

Hito Steyerl en tête du classement annuel d'ArtReview

Par Bénédicte Gattère · lejournaldesarts.fr

Le 7 novembre 2017 - 703 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

LONDRES (ROYAUME-UNI) [07.11.17] - Comme chaque année, le magazine britannique a dévoilé son classement international des personnalités les plus influentes de l'art contemporain. L’édition 2017 consacre l’artiste allemande, suivie du Français Pierre Huyghe.

Hito Steyerl est la première femme à figurer en tête de la 2017 Power 100 List. Pierre Huyghe, en deuxième position, est l'un des rares Français à se hisser aussi haut dans l'histoire du classement. Il a reçu en 2010 le prix de l'artiste contemporain de l'année décerné par le Smithsonian American Art Museum. Marian Goodman, galeriste qui le représente à New York et à Paris, figure elle aussi dans la Power 100 List, cette année à la 18e place. Christine Macel, directrice artistique de la dernière Biennale de Venise, fait également partie de ces Français bien placés dans le classement même si celle-ci est passée de la 17e à la 26e place. Parmi eux, le collectionneur François Pinault conserve sa 35e position ; le galeriste Emmanuel Perrotin remonte quant à lui dans le classement à la 40e position. Un autre artiste français, Philippe Parreno, fait son entrée à la 60e place.

Cette année, le classement fait place à la philosophie en incluant trois théoriciens contemporains reconnus pour leur influence majeure dans la création actuelle. La critique et penseuse féministe Donna Haraway, principalement connue pour son Manifeste cyborg paru en 1984 arrive ainsi en troisième position. La théoricienne du queer Judith Butler et le philosophe français, penseur de l'environnement et inventeur du concept d'anthropocène Bruno Latour, en 9e position, font eux aussi leur entrée dans la liste. En quatrième position, on retrouve le controversé directeur artistique de la Documenta, Adam Szymczyk et à la cinquième place, le puissant galeriste allemand David Zwirner.

Établi en 2002, le classement bouge finalement relativement peu. En tout état de cause, il aura fallu attendre son seizième anniversaire pour qu'une femme soit première du classement. Tout du moins en solo : la galeriste Manuela Wirth avait occupé la première place en 2015, aux côtés de son mari Iwan Wirth. Une autre femme galeriste avait atteint le top 5 en 2002, mais encore une fois en duo : Lucy Mitchell-Innes avec David Nash. La même année, la Française Patricia Barbizet, présidente-directrice générale de Christie's de 2014 à 2016 était la première femme à faire une entrée en solo dans la Power 100 List.

Hito Steyerl reste la première femme artiste à atteindre cette première place, les galeristes et marchands d'art étant largement représentés au sein du classement, à hauteur de 30 %. Peu d'artistes ont occupé la première place du classement d'ArtReview. Les rares fois où cela s'est produit, il s'agissait de "poids lourds" comme Ai Weiwei en 2011 ou, avant lui, Damien Hirst, arrivé deux fois en tête, en 2005 et en 2008, aujourd'hui sorti du classement alors que l'artiste chinois y figure toujours, en treizième position. Hans Ulrich Obrist, directeur artistique des Serpentine Galleries à Londres, critique d'art et commissaire d'exposition star, laisse donc sa place en tête de la 2016 Power 100 List pour rejoindre la sixième place. Steyerl elle-même était jusqu'ici en septième position.

L'artiste allemande se définit principalement comme une réalisatrice, ainsi qu'elle le confiait au journal The Guardian en octobre dernier. Elle est également présentée comme "théoricienne". Son travail tourne autour de la vidéo et se trouve toujours doté d'une forte charge critique. Placée en première position du classement d'ArtReview qui fait la part belle aux personnalités du marché de l'art, Steyerl ne fait pas moins une critique corrosive de ce dernier, comme dans son ouvrage récemment paru, Duty Free Art : Art in the Age of Planetary Civil War. De manière générale, elle pointe les dérives de nos sociétés contemporaines comme dans son film de 2013 sur la vidéosurveillance intitulé How Not to Be Seen: A Fucking Didactic Educational. Elle a également questionné l'intelligence artificielle utilisée à des fins militaires dans Hell Yeah We Fuck Die présentée l'été dernier dans le cadre du Skulptur Projekte de Münster. En 2015, l'exposition de son installation Factory of the Sun à la Biennale de Venise l'avait propulsée sur la scène internationale, lui permettant de montrer son travail un peu partout en Europe et aux États-Unis au Whitney Museum of American Art à New York.

Légende photo

Hito Steyerl, How Not to be Seen: A Fucking Didactic Educational, Film, 2013 - Licence CC BY 2.0

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