Antiquaire - Justice

La galerie Kraemer n’en a pas fini avec les ennuis

Par Alexis Fournol (Avocat à la cour) · lejournaldesarts.fr

Le 13 juillet 2017 - 394 mots

PARIS [13.07.17] - Un client de l’antiquaire remet en doute l’authenticité de plusieurs meubles et objets acquis pour plus de 14 millions d’euros. La justice rappelle que l’ouverture de la procédure de sauvegarde n’empêche pas l’introduction d’une action visant la nullité des ventes passées.

Table à écrire de Marie-Antoinette datant de 1783 et réalisée par le célèbre ébéniste Jean-Henri Riesener (1734-1806). Vendue par la galerie Kraemer en 2011, elle est exposée dans le Cabinet Doré au Château de Versailles.
Table à écrire de Marie-Antoinette datant de 1783 et réalisée par le célèbre ébéniste Jean-Henri Riesener (1734-1806). Vendue par la galerie Kraemer en 2011, elle est exposée dans le Cabinet Doré au Château de Versailles.
Photo Myrabella

La cour d’appel de Paris était saisie d’une demande en tierce opposition formée en juillet 2016 contre le jugement ayant prononcé la sauvegarde judiciaire de la galerie Kraemer, la plus ancienne galerie en mobilier de la place parisienne.

À l’origine de cette demande, un client italien et résident monégasque alerté par voie de presse de la mise en examen de Laurent Kraemer suite à l’enquête portant sur un trafic de faux sièges XVIIIe, dont Bill Pallot a reconnu depuis lors être un des acteurs clé.

Si la galerie se considère comme victime dans cette affaire pénale au long cours, elle n’en reconnaît pas moins que le retentissement de l’affaire a entraîné un réflexe de suspicion dans la clientèle quant à l’authenticité des biens qu’elle a vendus.

C’est assurément cette suspicion qui a amené l’ancien client à contacter un restaurateur parisien spécialiste des meubles du XVIIIe pour lui demander de réaliser une expertise. Selon les conclusions du restaurateur, dont les détails ne sont pas dévoilés dans la décision du 30 juin 2017, certains meubles acquis auraient été fabriqués dans les années 1980.

Pensant que la procédure de sauvegarde l’empêchait d’introduire une action en nullité pour erreur sur les qualités essentielles des objets acquis, le résident monégasque a donc formé une tierce-opposition au jugement d’ouverture. La cour vient de déclarer sa demande irrecevable, tout en rappelant que le jugement de sauvegarde « ne constitue pas un obstacle à l’engagement d’une action en nullité pour vice du consentement ». Une telle action n’est, en effet, pas soumise à la règle de l’interruption des poursuites résultant de l’ouverture d’une procédure collective.

Le client italien suspicieux peut donc librement porter ses demandes visant à faire constater ou non l’authenticité de ses acquisitions devant la justice.

Si la galerie Kraemer avait pu, à l’époque, contracter un prêt bancaire pour rembourser au cheikh Al-Thani, frère de l’ancien émir du Qatar, les 2 millions d’euros déboursés pour l’acquisition de deux chaises, la chute de la cote des meubles XVIIIe, alliée aux craintes du marché, pourraient remettre en cause sa pérennité dès lors que les affaires judiciaires se multiplieraient.

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