Justice

Éric Touchaleaume mis en examen dans l’affaire Prouvé

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 4 mai 2017 - 751 mots

PARIS

PARIS [04.05.17] – L’antiquaire en conflit avec trois autres de ses confrères qui l’accusent d’avoir vendu aux enchères de présumés faux meubles Prouvé vient d’être mis en examen après 8 ans de procédure pour contrefaçon par diffusion, une charge moins lourde que contrefaçon par fabrication. Éric Touchaleaume s’explique.

Mercredi 3 mai, Éric Touchaleaume a été entendu pendant 11h consécutives par la juge d’instruction Aude Buresi, celle-là même qui instruit l’affaire Pénélope Fillon. En cause, des meubles de Jean Prouvé qu’il a mis en vente chez Artcurial en avril 2008. Pour les acheteurs, Philippe Jousse, François Laffanour et Patrick Seguin, ces meubles sont peut-être faux et ne proviendraient pas, comme indiqué au catalogue, du Commissariat à l’énergie atomique d’Alger. Ils ont porté plainte en 2009.

Éric Touchaleaume a été mis en examen pour contrefaçon par diffusion (et non par fabrication) et tromperie sur les qualités substantielles d’une marchandise. « La juge est sévère mais juste. Elle m’a cru quand au fait que je ne suis pas un escroc ni un faussaire mais elle suit son expert sur le fait qu’elle pense que les meubles ne sont pas bons », précise le marchand, avant de poursuivre : « ou le mobilier est bon et toute cette histoire est agitée par mes concurrents ou il ne l’est pas et un faussaire de génie est derrière tout ça - mais je n’en crois pas un mot - et j’en suis également victime ».

Aude Buresi reproche au marchand, de ne pas avoir été plus vigilant, s’agissant d’un professionnel, quant aux provenances des meubles en question, de ne pas avoir de documents d’exportation d’Algérie et de ne pas détenir de factures de ventes. « C’est une méconnaissance totale du terrain car l’Algérie est un pays dangereux, je n’y ai passé qu’une semaine, contrairement à ce qui a été dit dans la presse. Je ne pouvais entrer nulle part donc je suis passé par un réseau de chineurs. Ce n’est donc pas moi qui ai sorti les meubles de ce pays. Si cela avait été le cas, j’aurais été plus vigilant. J’ai fait confiance et les meubles ont été sortis à l’arrache, sans facture ».

Pour le juge, « il y a des indices laissant suspecter qu’Éric Touchaleaume a commis des erreurs dans la façon d’attribuer l’œuvre à Jean Prouvé et qu’il n’a pas suffisamment vérifié les éléments qui lui ont été donnés par son chineur », explique Antoine Vey, l’avocat du marchand.

« Je respire car si la juge m’avait mis en examen pour fabrication de faux et pour complicité d’escroquerie en bande organisée, là, je serais mal. Elle a vraiment fait le distinguo entre mes chineurs, où il y a peut-être eu de la magouille et moi-même, qui suis de bonne foi », commente Éric Touchaleaume.

Les chineurs, dont Abdelhakim Bouadi, sont d’ailleurs mis en examen sur d’autres chefs d’accusation que ceux d’Éric Touchaleaume : contrefaçon par fabrication et escroquerie en bande organisée. « Dans l’esprit du juge, Éric Touchaleaume n’appartient donc pas à un réseau de faussaires et ce n’est pas lui qui a commandité ces meubles », précise Antoine Vey.

La prochaine étape concernant la partie défenderesse est de faire une demande de contre-expertise ou du moins de demander des actes complémentaires d’expertise.

En attendant la suite, Antoine Vey avait déposé une plainte contre x pour « tentative d’escroquerie au jugement », le 27 février dernier. Il demande qu’une enquête soit ouverte pour déterminer si oui ou non, les concurrents d’Éric Touchaleaume ont essayé de le faire tomber en l’accusant à tort de vendre de faux meubles. « Rien ne prouve encore que ce n’est pas le cas », rapporte l’avocat.

Dans cette plainte est évoquée l’affaire de la table dite « Vichard » (du nom du commanditaire), par Prouvé, qui remonte à 2006, une affaire classée sans suite pour vice de procédure. Retirée d’une vente chez Christie’s le 1er juin 2006 à Paris à la demande de Philippe Jousse, François Laffanour et Patrick Seguin pour "faux grossier", « cinq ans plus tard, en novembre 2011, cette table devient entre leurs mains une découverte exceptionnelle dont ils demandent à Miami Basel sur le stand de Philippe Jousse un million de dollars », raconte Éric Touchaleaume. Suite aux demandes d’explications et de provenance de ce dernier, la dite table a immédiatement disparu du stand et du site de la Galerie Jousse Entreprise et n’est jamais réapparue sur le marché. « Nous voulons que la lumière soit faite sur cette histoire », lance Antoine Vey.

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