Foire & Salon

BRAFA 2017, premières impressions

Par Stéphane Renault · lejournaldesarts.fr

Le 20 janvier 2017 - 887 mots

BRUXELLES (BELGIQUE) [20.01.17] - Précédée par une soirée de gala, la foire d’antiquaires belge a ouvert ses portes au public. La manifestation accorde une place grandissante à l’art contemporain.

Cette année encore, le rendez-vous annuel d’une BRAFA devenue incontournable a vu converger collectionneurs et galeristes vers la capitale européenne. En tout, 132 exposants, originaires de 16 pays. « Il ne nous est pas actuellement possible d'accueillir plus de galeries sans renoncer à un certain confort, ou alors en acceptant de proposer des stands plus petits, ce que nous ne souhaitons pas », précise Harold t'Kint de Roodenbeke, président de la manifestation pour la 5e année consécutive.

13 nouvelles galeries figurent sur la liste des exposants, spécialistes de renommée internationale dans des domaines très divers. Parmi ces derniers, Bernard de Grunne Tribal Fine Arts, la galerie de la Béraudière ou encore Seghers d'Ostende, où l’on peut voir Spilliaert entre Degas et Le Corbusier.

Nouveauté, les galeries d'art contemporain investissent les stands, insufflant un air du temps vivifiant qui vient prolonger plus de quatre millénaires d'histoire de l'art, présentés à travers des œuvres issues de tous les continents. Archéologie, peintures anciennes, mobilier, design, objets d'art, bijoux, planches de bandes dessinées, créations contemporaines... Les collectionneurs les plus exigeants ont l'embarras du choix en cheminant au milieu de ce musée éphémère qui n'a rien d'imaginaire. Car outre leur qualité, la grande diversité des œuvres exposées, la confrontation des styles et des époques participent pleinement du plaisir des yeux, dans un éclectisme réjouissant.

Chez Hélène Bailly, on peut admirer Braque, Metzinger, Vasarely ; le marchand bruxellois Albert Baronian montre, entre autres, Marcel Broodthaers ; la galerie Claude Bernard expose Sam Szafran et Zoran Music ; chez Bernier/Eliades, on contemple une céramique de Thomas Schütte, Blumenoval (2014); chez Chenel, la scénographie très réussie, conçue par Mathieu Lehanneur pour la Biennale des Antiquaires, à Paris, dévoile parmi ses plus belles pièces un buste romain drapé en marbre du 1er siècle ap. J.-C. ; Bernard Dulon propose de remarquables sculptures en bois du XIXe siècle de la République démocratique du Congo ; la galerie Fleury, un plâtre patiné monumental de Zadkine, Homo sapiens (1933) ; à la galerie des Modernes, un fin portrait au dessin de Warhol et une toile de Geer Van Velde côtoient une épatante gouache sur papier de grand format de Calder, Cowboy (1972) ; Belgique oblige, le 9e art est à l’honneur chez Huberty & Breyne, qui expose l’humour du Chat de Geluck, Loustal, Avril et bien d’autres grands noms du genre. La galerie Jamar d’Anvers donne à voir le provocateur Jan Fabre et les toujours étonnantes installations de Panamarenko. Côté design, Frank Landau de Francfort propose un sofa de Nakashima de 1960 et une table de 1949 avec plateau de marbre signée Ico Parisi. Ettore Sottsass est présent sur le stand de la galerie Le Beau de la Place du Sablon à Bruxelles avec une bibliothèque Memphis. On pourrait continuer la liste durant des heures.

Pour ce qui est de l’art contemporain, impossible là encore de tout énumérer. On retiendra toutefois quelques propositions fortes. Chez Meessen De Clercq, l'accrochage conçu autour de la thématique du corps mélange œuvres historiques - Baldessari, Alechinsky, Bruce Nauman, Tapiès - et œuvres plus récentes ou jeunes artistes. Les sculptures de Claudio Parmiggiani dialoguent ainsi avec les peintures de nuages de Benoît Maire et les compositions de José Maria Sicilia, traductions visuelles graphiques ou brodées à la machine de chants d'oiseaux via un logiciel informatique. Un travail défendu à Paris par la galerie Chantal Crousel.

La galerie Rodolphe Janssen, nouvelle venue, joue le décalage en installant une série de Wim Delvoye, 12 pelles peintes (1990), non loin d’une toile des frères jumeaux Gert & Uwe Tobias et d’un fier cervidé au pelage de tartan écossais de l’américain Sean Landers, clin d’œil et hommage à la très décriée Période Vache de Magritte. La Patinoire royale de la rue Veydt propose des oeuvres de la lisboète Joana Vasconcelos et de Julio Le Parc. Fidèle à sa réputation de marchand chaleureux et jovial, Guy Pieters présente, quant à lui, des sculptures récentes de Jan Fabre, « le bon artiste belge », une série de bustes hauts en couleurs de la famille royale, intitulée Le carnaval des morts! Le galeriste, qui avait ouvert un espace avenue Matignon à Paris, avant d’en repartir, nous confiait une certaine nostalgie de ses souvenirs d'apéritif avec Yves Montand à Saint-Paul-de-Vence, à la grande époque de la Colombe d'or. Autre confidence : un projet à venir dans le Sud de la France, cher à son cœur. Du tonitruant Jan Fabre, il présente également deux grandes sculptures, dont l'une figure l'artiste portant la croix à bout de bras. Une métaphore du doute mystique du créateur, dont une version est installée dans la cathédrale d'Anvers.

Invité d'honneur, Julio Le Parc, légende vivante de l'art cinétique, né en 1928, lauréat du Grand Prix de la peinture lors de la 33e Biennale de Venise en 1966, ne boudait pas son plaisir lors de l'ouverture, casquette et foulard, fidèle à son élégance toute argentine. Quatre de ses œuvres, un Continuel Mobile (1963), une acrylique sur toile Surface couleur (1970) et deux Sphères sont exposées à l'entrée et aux extrémités des allées de la foire.

L'année passée, la BRAFA a enregistré un record d'affluence avec plus de 58 000 visiteurs.

Légende photo

Allée de la BRAFA 2017, au 1er plan Sphère rouge de Julio Le Parc © photo S. Renault

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