Les Puces du design montent en gamme

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 22 novembre 2016 - 672 mots

PARIS [22.11.16] – Après trois localisations à ciel ouvert dans Paris, le salon a pris place pour la première fois dans un espace clos et payant, Porte de Versailles. Une initiative qui semble positive, tant du point de vue du renouvellement du public qu’en termes de résultat commercial.

C’est en 1999 que Fabien Bonillo crée les Puces du design consacrées au design original d’après-guerre. Cet évènement parisien à ciel ouvert et gratuit, va s’installer successivement, passage du Grand Cerf, puis Quai de Loire et à Bercy Village. Mais c’est un nouveau virage qui a été entamé cette année puisque la manifestation, dont les portes se sont refermées dimanche soir, s’est tenue pour la première fois dans un espace clos, à Paris Expo, Porte de Versailles. « Nous avons choisi de déménager pour plus de confort et parce que nous avions besoin d'un nouveau public » expliquait le fondateur de l’événement.

Les exposants, essentiellement des français de province (35 % d’étrangers - belges, italiens ou allemands) ont présenté en majorité du design des années 50 à 70. Leur nombre est passé de 70 l'an dernier à 100 cette année. Cette hausse est la conséquence directe d’un gain d’espace qui, outre la mise en place d’une scénographie, a permis de renforcer certaines spécialités comme la mode vintage et de mettre en place des « pôles » tels que celui des designers - makers ou encore un espace consacré au design contemporain, qui a fait son entrée. Un exposant – Tom Allée (Les Passions de Tom, Versailles) - critique cependant « la présence de certains stands qui vendent du neuf, des rééditions, comme Design Outlet alors que nous ne vendons que des pièces originales, ce qui crée de la concurrence et risque de brouiller l’image de la manifestation ».

De sorte qu’avant l’ouverture, quelques galeries étaient dubitatives. « Certains souhaitaient conserver l'esprit brocante », a précisé Fabien Bonillo. Le marchand Olivier Verlet, qui a participé à l’événement dès 1999 a trouvé que la manifestation n’avait plus rien à voir avec ses débuts : « ici les clients sont perdus car c’est monté en gamme trop vite ». En effet, les prix oscillent entre 20 euros et jusqu’à 30 000 euros, contre plutôt 15 000 euros les années précédentes. Mais globalement, les exposants sont satisfaits de ce déménagement. « Ce nouveau lieu donne une vraie dimension au salon et met la marchandise en valeur. Nous pouvons montrer des pièces plus importantes que nous ne pouvions pas montrer sur un trottoir. Bien sur, certains clients sont déçus car ils trouvent cela moins authentique », a expliqué Nans Boucher (Maison Giraldi-Delmas, Tarascon). C’est également l’avis de Didier Viprey (Ré Actuel, Malbrans) : « une grosse partie de mon travail est de restaurer du mobilier donc quand il faut le stocker à l’extérieur comme c’était le cas à Bercy Village, même si nous étions sous tentes, c’est dur. Je crains toujours la fuite d’eau et les chocs thermiques ».

L’entrée devenue payante fait débat. « Ceci va de pair avec l’augmentation de la qualité des pièces présentées. Certains clients ne veulent pas acheter à prix élevés des pièces exposées sur un trottoir », a souligné Fabien Bonillo. « C’est une bonne chose que l’entrée soit payante désormais. Cela évite les parasites », a commenté Joël Boisgontier (Village Suisse, Paris). D’autres étaient plus réticents, comme la galerie belge 20e siècle : « cela pourrait gêner certains clients et créer un manque un gagner. Mais au moins, ici c’est confortable ».

« En tout, ce sont environ 10 000 personnes qui ont fait le déplacement et nous avons touché un nouveau public car beaucoup de visiteurs nous ont confié qu’ils venaient pour la première fois », a expliqué Fabien Bonillo. « Nous avons croisé des gens que nous n’avions pas l’habitude de voir », a confirmé Tom Allée. « Une nouvelle clientèle est en train de se créer et le salon s’est plutôt bien passé », a-t-il poursuivi. Le rendez-vous Porte de Versailles pour l’édition de printemps (mi mai) est déjà pris.

Légende photo

Les Puces du Design - Photo www.pucesdudesign.com

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque