Nouveau bras de fer entre Opéra Garnier et opposants aux travaux des loges

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 30 septembre 2016 - 395 mots

PARIS [29.09.16] - Les travaux ont déjà été réalisés mais la guerre continue: l'Opéra Garnier et une association opposée à la modification des loges historiques du bâtiment se sont une nouvelle fois affrontés jeudi au tribunal administratif de Paris.

La Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF) a demandé l'annulation de la décision de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) du 24 novembre 2015, qui autorise les travaux de rénovation des cloisons des premières et deuxièmes loges de face du Palais Garnier.

L'association avait été déboutée par le juge des référés, qui avait examiné l'affaire en urgence en décembre 2015, estimant qu'"aucun des moyens invoqués" n'était de "nature à faire naître un doute sérieux quant à légalité de la décision d'autorisation de travaux".

Mais lors de l'audience de jeudi, qui portait sur le fond de l'affaire, le rapporteur public, qui a pour charge de dire le droit et dont les avis sont généralement suivis, a penché du côté des opposants aux travaux.

Le rapporteur a posé la question de la légalité des autorisations pour ce bâtiment de modèle Second Empire, classé monument historique depuis 1923, et déploré l'engagement de travaux sans pleine connaissance des "conséquences sur l'esthétique et l'acoustique" du bâtiment.

Il a fustigé la "légèreté" de l'Opéra Garnier et recommandé "l'annulation de la décision d'installation des nouvelles cloisons".

L'avocat de l'Opéra a argué que Garnier n'avait pas réalisé de travaux sans autorisation mais "un prototype de nouvelle cloison, à la demande de la Drac", qui avait alors donné son accord.

L'Opéra a fait valoir que ces nouvelles cloisons rétractables, posées sur des rails, seraient réinstallées après chaque spectacle pour les visites du Palais Garnier, qui accueille chaque année plus de 700.000 touristes et environ 300.000 spectateurs.

"Scandale" et "dénaturation" pour l'association, qui relève que l'Opéra a bien réalisé un prototype mais aussi "fait déposer toutes les cloisons avant même la décision du 24 novembre".

Cette affaire avait soulevé une tempête d'indignation parmi les puristes, défenseurs du site. L'ancien directeur de l'Opéra Hugues Gall et l'Académie des Beaux-Arts s'étaient élevés contre le projet de l'Opéra, le premier allant même jusqu'à publier une tribune intitulée "Les vandales ne sont pas qu'à Palmyre".

Le tribunal administratif rendra sa décision dans les prochaines semaines. S'il annulait l'autorisation de travaux, l'Opéra pourrait encore faire appel et solliciter un sursis à exécution du jugement.

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Façade de l'Opéra Garnier à Paris © Photo Peter Rivera - 2009 - Licence CC BY-SA 2.0

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