Photo London séduit les galeristes américains

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 20 mai 2016 - 699 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [20.05.16] - Portée par l’engouement de sa première édition, Photo London 2016 accentue ses couleurs anglo-saxonnes et renforce son positionnement en Europe avec la spécificité d’un jury sans marchands.

En 2015, la relance par Candlestar de Photo London, forte du soutien de la scène culturelle, artistique et muséale de la ville, avait suscité un vif engouement cependant couplé d’une certaine prudence de la part des galeristes habitués des foires photo. Le doublement du nombre de candidature pour l’édition 2016 (264 contre 126 en 2015) montre la confiance accordée à la fois à ses organisateurs, Michael Benson et Fariba Farshad, et au marché londonien malgré encore la jeunesse de sa clientèle. Londres n’est pas New York, ni Paris, malgré sa puissance financière.  Du fait de la légère hausse du nombre de galeries sélectionnées (81 contre 71 l’an dernier) a donc été créé dans la cour de Somerset House un pavillon pouvant accueillir quinze galeries, le prix du mètre carré variant selon l’emplacement de 300 à 525 £ (378 € à 662 €).

Les changements opérés dans la composition jury marquent de leur côté la volonté de renouveler chaque année le regard porté sur les candidatures. C’est aussi le signe du renforcement de l’une des spécificités de la foire, qui entend donner du poids à ses choix en ciblant des personnalités œuvrant pour la photographie au sein de leurs institutions ou de leur fondation. Aux côtés de Tobia Bezzola (directeur du Folkwang Museum à Essen) et de Sofia Vollmer de Maduro (directrice et conservateur à l’Alberto Vollmer Foundation, Venezuela), ont siégé sous la présidence de Francis Hodgson (professeur de culture photographique à l’Université de Brighton, Angleterre) : Martin Barnes (senior curateur de la photographie au Victoria et Albert Museum, Londres), Francesca Fabiani (Conservateur et chef de la photographie au MAXXI, Rome) et Alison Nordström (enseignante et conservatrice à la Georges Eastman House, New York).

Une sélection tirée au cordeau

Si la décision finale appartient à Fariba Farshad et Michael Benson, il reste que le choix de ces profils éclaire sur leurs ambitions de tendre vers une « irréprochabilité » dans la sélection, bien que, là encore, on puisse imaginer que les participations de Hamiltons (Londres), Hans P. Kraus (New York), Daniel Blau (Munich), Taik (Berlin et Helsinki), Yancey Richardson (New York) et de Weinstein (Minneapolis) ou encore de Rolf Art (Buenos Aires) n’ont guère suscité de débats. La candidature renouvelée des galeries américaines de poids telles que Howard Greenberg, Rosegallery ou Edwynn Houk, ajoutée à l’arrivée notable des galeries Bryce Wolkowitz (New York) ou Catherine Edelman (Chicago) consolident le positionnement et l’avenir de la foire en Europe en tant que salon de référence du premier semestre pour les professionnels américains de la photographie, et plus généralement anglo-saxon, compte tenu du nombre également conséquent de galeries anglaises (22). Côté Français, les galeries Christophe Gaillard, Du jour Agnès b., Baudouin Lebon et Esther Woerdehoff rejoignent Les Filles du Calvaire, Lumière des Roses, Polaris, In Camera, Caroline Smulders, Polka et la Galerie Particulière, déjà présentes en 2015 ; la section Découverte accueillant cette année la galerie Dix9 Hélène Lacharmoise.

À l’instar de Paris Photo, Photo London, plus qu’une foire de photo, se veut être un incubateur de rencontres, de distinctions, de créations et d’événements spécifiquement liés au salon. Après Sebastião Salgado, c’est au tour de Don McCullin de recevoir la distinction de Photo London Master of Photography et de bénéficier d’une exposition au sein de Somerset House montée en partenariat avec la galerie Hamiltons, tandis que William A. Ewing a conçu cette année la programmation des colloques et des débats. Si durant la foire, les maisons de ven-tes aux enchères égrainent d’autres rendez-vous, le mois de mai et plus généralement le premier semestre s’affirment plus que jamais pour Londres le temps fort de la photographie de l’année. De la Tate Modern (« Performing for the Camera ») au V&A (« Paul Strand : Photography and film for the 20 th Century ») ou au Barbican Art Gallery avec la proposition de Martin Parr « Strange and Familiar : Britain as Revealed by International Photographers », les propositions ont de l’allure. Reste à savoir si les ventes à Photo London en auront autant.

PHOTO LONDON

Du 19 au 22 mai 2016, Somerset House, Strand, London, www.photolondon.org

Légende Photo :
Fariba Farshad et Michael Benson, les organisateurs de London Photo 2016 © photo Phillip Sinden / courtesy Somerset House

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