Les manuscrits du Fondo Ka’ti de Tombouctou vont être numérisés

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 19 février 2016 - 425 mots

BAMAKO (MALI) [19.02.16] – Sauvés de la destruction des mausolées de Tombouctou par les jihadistes en 2012, les manuscrits de la bibliothèque Fondo Ka’ti, sont en cours de numérisation. 23 d’entre seront exposés en 2017 en Espagne.

23 manuscrits (soit environ 150 liasses), dont certains sont datés de la fin du XVe siècle, en provenance du Fondo Kadi ont commencé à être numérisés à Bamako, relate El Pais. La Bibliothèque Fondo Ka’ti, inaugurée le 27 septembre 2003, a été constituée par Ismael Diadié Haidara, descendant de Mahmud Ka’ti, chroniqueur de Tombouctou du XVe siècle, et de Ali ben Ziyad al-Quti, juge musulman qui a quitté Tolède en 1467 pour s’établir dans le village de Goumbou, à la frontière entre la Mauritanie et le Mali, emportant avec lui les premières liasses qui ont donné naissance à cette bibliothèque.

Selon Antonio Vila, vice-président de la Fondation Fondo Kati, il y aurait parmi les 23 manuscrits numérisés, une copie du Tarik-El-Fettash, texte écrit en arabe par Mahmud Kati qui décrit l’Empire Songhaï et témoigne de la présence de nombreux Andalous à Tombouctou aux XVe et XVIe siècles.

La numérisation est réalisée par l’Association pour la Protection et la Mise en Valeur des Manuscrits Anciens et pour la Défense de la Culture Islamique (Savama-DCI), qui se charge également de la numérisation de 377 491 autres documents anciens sortis de Tombouctou et emmenés à Bamako en 2012, pendant l’occupation de la ville par les groupes jihadistes (Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique AQMI).

Une fois numérisés, les manuscrits sortiront temporairement du Mali pour une exposition qui commémora le 550e anniversaire de l’exil d’Ali ben Ziyad al-Quti de Tolède à Tombouctou. En l’espace de 5 siècles, ces manuscrits n’étaient jamais revenus sur le sol espagnol. Ils y resteront jusqu’à ce que des conditions optimales de conservation soient trouvées.

Aux XVe et XVIe siècles, Tombouctou était une capitale intellectuelle et spirituelle et un centre de propagation de l'islam en Afrique. L’université coranique de Sankoré, ses trois grandes mosquées (Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia) et ses mausolées témoignent de son âge d'or. De ce riche passé, les collections privées et publiques contenaient des centaines de milliers de manuscrits. Tombouctou a été classée patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988.

En avril 2012, la ville est tombée entre les mains de groupes armés islamistes qui ont entrepris la démolition de sites sacrés. La communauté internationale s’est tant bien que mal mobilisée pour la sauvegarde de ce patrimoine. Au début du mois de février, la ville a repris possession de ses sanctuaires, reconstruits à l'identique.

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Ismael Diadié Haidara, fondateur de la bibliothèque andalouse de Tombouktou, avec deux collègues marocains © Photo et courtesy Tombouctou Manuscripts Project

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