Trois membres du Comité international des musées d’art moderne démissionnent avec fracas

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 16 novembre 2015 - 671 mots

BARCELONE (ESPAGNE) [16.11.15] – Trois membres du conseil d’administration du Comité international pour les musées et collections d’art moderne viennent de démissionner, afin de protester contre leur président, Bartomeu MarÁ­, ancien directeur du Macba. Ils ne l’estiment plus capable de défendre les valeurs du Cimam.

L'organisme international de déontologie des musées d’art moderne et contemporain, le Cimam (Comité international pour les musées et collections d'art moderne) est entré dans l’actualité cette semaine, lorsque trois directeurs de musée ont démissionné du conseil d'administration, pour protester contre leur président, relate La Vanguardia.

Le président du Cimam n’est autre que Bartomeu Marí, ancien directeur du Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba), entré en fonction en 2013. En mars il a été contraint à la démission pour avoir voulu censurer l’exposition « La bête et le souverain », contenant une œuvre controversée d’Ines Doujak qui met en scène l'ancien monarque espagnol Juan Carlos dans un acte sexuel avec un chien. L’exposition s’est finalement ouverte avec l’œuvre en question, mais avant son départ Bartomeu Marí a eu le temps de licencier deux conservateurs ayant travaillé à l’exposition, Valentín Roma et Paul B. Preciado.

Abdellah Karoum, le directeur du Mathaf (Doha) et directeur artistique de L’Appartement 22 (Rabat), Vasif Kortun, le directeur de la recherche et des programmes du SALT (Istanbul), et Charles Esche, le directeur du Van Abbemuseum (Eindhoven) et commissaire de la Biennale de São Paulo, ont démissionné à la suite de la conférence annuelle du Cimam qui s’est tenue à Tokyo du 7 au 9 novembre. Ils expliquent avoir perdu confiance en leur président Bartomeu Marí. Dans un communiqué, ils déclarent ainsi « que la tâche principale du Cimam aujourd’hui est de défendre autant que possible cet espace dédié au débat [qu’est le musée d’art contemporain] et de fixer des normes éthiques de comportement envers les artistes, les conservateurs et le public. Le cours récent des événements au Macba et avec le conseil au Cimam nous a conduit à douter que notre président actuel puisse défendre ces valeurs de façon crédible. »

Charles Esche a précisé que lors de la conférence de Tokyo, la première depuis l’affaire de censure au Macba, la discussion autour des événements n’a pas été possible, et qu’ils ont par conséquent démissionné.

Bartomeu Marí, qui est actuellement l'un des trois candidats en lice pour diriger le Musée National d'Art Contemporain de Séoul (AMNC) n'a pas caché sa perplexité et a qualifié ces démissions de « regrettables ». Selon lui, après avoir quitté le Macba il aurait déposé sa démission au Cimam, toutefois lors d’une réunion via Skype le 8 avril « la majorité a soutenu mes actions et m’a confirmé en tant que président. Aucun des trois membres qui ont démissionné n’a émis de réserves, de plainte ou de désaccord avec la résolution qui a été publiée à ce moment-là. Nous n’avons jamais entendu l’un des trois membres s’exprimer sur ce sujet. Abdellah Karroum a assisté à la réunion qui s’est tenue à Venise pour l’ouverture de la Biennale et n’a pas non plus émis le moindre signe de désaccord ou de malentendu. Au contraire, il était un membre enthousiaste. »

Lors de cette réunion le Conseil a également convenu que ce qui est arrivé au Macba soulève des questions importantes et complexes relatives à la liberté d'expression, la censure et la responsabilité institutionnelle, qui devaient être discutées lors de la conférence annuelle de Tokyo pour établir des principes et des lignes directrices communes. Un engagement que, selon les démissionnaires, Marí aurait évité. Ce que l’intéressé dément fortement. « Nous avons consacré une journée entière à parler de ces conflits, mais sans faire référence directement aux Macba. Il y a de nombreux cas dans le monde entier pour ne pas avoir à nous concentrer sur un seul. Nous n’avons rien caché », a-t-il expliqué à La Vanguardia.

Le Cimam, qui regroupe 575 membres provenant de 78 pays, a émis le 12 novembre un communiqué sur son site, confirmant les propos de Bartomeu Marí et réaffirmant son soutien à son président.

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Bartomeu MarÁ­, ancien directeur du Macba © Photo Mossos. Generalitat de Catalunya - 2014 - Licence CC BY-SA 2.0 

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