États-Unis - Justice

Le futur Musée de la Bible aux Etats-Unis accusé de contrebande d’antiquités irakiennes

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 29 octobre 2015 - 494 mots

WASHINGTON / ETATS-UNIS

WASHINGTON (ETATS-UNIS) [29.10.15] – Parmi les 40 000 objets exposés dans le Musée de la Bible, qui doit ouvrir en 2017 certains de ces artefacts, notamment 200 tablettes recouvertes d’écritures cunéiformes, auraient été pillés en Irak. Une enquête fédérale est ouverte.

Les fondateurs du futur Musée de la Bible, dédié à l’art religieux, font l’objet d’une enquête fédérale concernant des soupçons d’importation illégale d’objets pillés en Irak, a révélé le Daily Beast.

Les investigations concernent le transfert en 2011 de plus de 200 tablettes d'argile vieilles de milliers d’années vers Oklahoma City en provenance d'Israël et qui devaient faire partie des collections du futur Musée de la Bible. Ce musée doit ouvrir en 2017 à Washington dans un ancien entrepôt de 37 000 mètres carrés entièrement réhabilité. La famille Green, propriétaire de la chaîne de magasins d’artisanat Hobby Lobby, est à l’origine de ce musée d’art religieux, pour lequel ils auraient dépensé 80 millions de dollars, 50 pour l’achat du bâtiment et 30 pour constituer sa collection.

Le Musée de la Bible doit en effet abriter leur collection riche d’environ 40 000 artefacts et textes religieux, parmi lesquels le second plus grand ensemble de manuscrits de la Mer Morte, des bibles ayant appartenu à Martin Luther et le Codex Climaci Rescriptus, un célèbre manuscrit auparavant conservé au Westminster College de Cambridge. En août dernier, le musée a signé un accord de sept ans avec l’Autorité des antiquités d’Israël, qui leur permettra d’emprunter des objets appartenant aux collections d’Etat.

Cary Summers, président du Musée de la Bible, a confirmé que les autorités fédérales enquêtent sur les Green depuis 2011, mais précise que l’investigation concerne des « papiers incomplets ». C’est le montant excessivement faible des artefacts, estimés à 300 dollars, c’est-à-dire très loin de leur valeur réelle, qui a alerté les autorités, qui ont saisi les objets à Memphis. De plus, les tablettes recouvertes d’écritures cunéiformes étaient qualifiées sur les étiquettes d’envoi FedEx de « tuiles en argile fabriquées à la main » ou d’« échantillons de tuiles », a révélé une source anonyme au Daily Beast. Ceci sans doute dans le but de dissimuler à la douane ces éléments importants du patrimoine irakien, un patrimoine allègrement pillé par l’Etat islamique pour financer son organisation.

Interrogé sur cette affaire, le directeur général d’Hobby Lobby, Steve Green, a répondu nonchalamment qu’il était « possible que nous possédions des artefacts illicites », mais a nié totalement avoir acquis sciemment des objets pillés. Pourtant les étiquettes d’envoi et la valeur des objets ont sans aucun doute été minorés en connaissance de cause.

L’affaire de « La Coiffeuse » de Picasso, envoyée aux Etats-Unis dans un colis portant l'inscription « Art Craft/30 E/Joyeux Noël », et rendue le 24 septembre dernier au Centre Pompidou, illustre parfaitement une tentative d’exportation illicite du même ordre. Si l'enquête se termine sur des accusations pénales ou civiles, les Green seraient contraints de donner les tablettes au gouvernement et pourraient recevoir une sanction financière.

Légende photo

Tablette d’écriture cunéiforme relatant l'épisode du rêve dans l’Épopée de Gilgamesh, récit légendaire de l’ancienne Mésopotamie (l'Irak aujourd'hui) - Collection Musée de la Bible, Washington, Etats-Unis © 2015 Museum of the Bible / www.museumofthebible.org

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