Patrimoine

Cinq millions de dollars pour des informations sur le trafic d’art de Daech

Par Vincent Noce · lejournaldesarts.fr

Le 30 septembre 2015 - 508 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [30.09.15] - Les Etats-Unis proposent des récompenses pour combattre le trafic d’antiquités orientales de Daech (groupe Etat islamique). L’annonce a été faite lors d’un récent colloque qui s’est tenu à New York.

Le gouvernement américain a décidé d’offrir jusqu’à cinq millions de dollars (4,5M€) de récompense à ceux qui livreraient des informations susceptibles de combattre le trafic des antiquités mésopotamiennes. Cette annonce a été faite par le vice-ministre des affaires étrangères Anthony Blinken mardi lors d’un symposium organisé par le Département d’Etat au Metropolitan Museum de New York.

C’est la première fois que le programme de récompenses « Rewards for Justice », lancé en 1984 pour lutter contre le terrorisme, est dédié à la protection du patrimoine culturel, a expliqué Robert Hartung, chargé des questions de sécurité au sein du ministère. Jusqu’ici 125 millions de dollars ont été distribués à 80 informateurs dans le cadre de ce programme dont l’efficacité a selon lui fait ses preuves. Il a souligné la portée internationale de cette lutte, à travers la coopération avec des organismes comme Interpol ou Europole, mais également relayée par les agents du FBI ou du ministère de la Justice dans les ambassades américaines.

Des centaines de milliers d’objets circuleraient à travers le monde depuis la première guerre d’Irak, certains portant des numéros d’inventaire des musées. 5 000 sites archéologiques se trouvent dans les régions contrôlées par l’Etat islamique, a souligné Michaël Danti, archéologue spécialiste du Moyen Orient, qui a projeté des vues satellitaires montrant les excavations dans des zones contrôlées par toutes les factions adverses à travers la Syrie.

Le trafic des antiquités grecques et byzantines suivent selon lui « les mêmes routes que les réfugiés, à travers la Turquie essentiellement ou le Liban ». « Les pièces sont entreposées et photographiées par téléphone portable avant d’être proposées sur le marché, à travers Internet » Il a montré des clichés de pièces de monnaie, de statues ou de figurines de bronze, certaines venant de Palmyre. Il a également signalé que les trafiquants y mêlaient des faux, fabriqués en Bulgarie.

« L’Etat islamique a engrangé un milliard de dollars en 2014 en vendant du pétrole, du gaz ou des antiquités », a affirmé Andrew Keller, de la section des affaires économiques du ministère. Il a révélé des données saisies lors d’un raid, contenant des autorisations de fouilles délivrées par un émir dans une province syrienne, soumises à des taxes de 20 %.

Les orateurs ont appelé à la coopération du secteur privé pour « stopper la demande ». Maxwell Marker, du FBI, a pressé les spécialistes de contribuer aux enquêtes. Sans parler des poursuites pour contrebande, recel ou blanchiment, même un marchand ou collectionneur achetant une statue pillée de bonne foi risque de perdre son investissement, si elle est saisie, a prévenu Lev Kubiak, chargé des opérations internationales au ministère de l’Intérieur. Citant le cas d’une opération qui a permis de récupérer plusieurs sarcophages pillés en Egypte, les responsables américains ont indiqué que ces mesures pourront être étendues à des trafics en provenance d’autres pays.

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Le château Qalat ibn Maan à Palmyre © Photo Jerzystrzelecki - 2007 - Licence CC BY-SA 3.0

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