Société

Une campagne de soutien inattendue en faveur d’Agnès Saal

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 11 juin 2015 - 762 mots

PARIS [11.06.15] – Le 9 juin, une tribune publiée dans Libération par d’anciens supérieurs hiérarchiques d’Agnès Saal et une lettre ouverte signée par des personnalités du monde de la culture envoyée à Fleur Pellerin dénoncent le « lynchage » médiatique subi par l’ancienne patronne de l’INA.

Plusieurs acteurs de la culture se sont mobilisés pour apporter leur soutien à Agnès Saal, au cœur de la tourmente depuis deux mois. Mercredi 9 juin, une tribune a été publiée dans le journal Libération par trois de ses anciens supérieurs hiérarchiques et simultanément une lettre comportant 183 signataires a été envoyée à Fleur Pellerin, dont certains extraits ont été révélés par l’AFP et Le Parisien. Ces personnalités du monde de la culture dénoncent le lynchage médiatique dont est victime l’ancienne présidente de l’Institut National de l’Audiovisuel dans cette affaire riche en rebondissements.

Dans la tribune publiée dans Libération, Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la BNF, Alain Seban, ancien président du Centre Pompidou, et Dominique Wallon, ancien directeur général du Centre National du Cinéma, expliquent que « face à un déchaînement collectif qui continue d'enfler, nous avons à cœur de témoigner en sa faveur, car nous ne pouvons plus supporter de voir, au-delà de la faute commise, reconnue, sanctionnée, son honneur foulé aux pieds ». Ils rejoignent l’avis de Fleur Pellerin sur le fait que les erreurs d’Agnès Saal ont « d’ores et déjà [été] payées au prix fort », puisqu’elle a été révoquée de ses fonctions du jour au lendemain, que sa carrière est brisée, et que des enquêtes sont en cours pouvant aboutir à d’autres sanctions. « Nous ne pouvons admettre la lapidation publique d’une fonctionnaire qui compte parmi les agents les plus remarquables du ministère de la Culture […] Il nous revient de témoigner de son engagement sans limites en faveur de l'intérêt collectif et de sa créativité dans les fonctions où nous l'avons vue à l'œuvre jour après jour », ajoutent-ils.

Par ailleurs, 183 représentants des milieux culturels ont signé mercredi une lettre ouverte destinée à la ministre de la Culture où ils dénoncent une campagne de presse « présentant le caractère d'un lynchage où était livrée en pâture et à la vindicte une personne, condamnée par avance, sans aucun respect des principes mêmes qui fondent notre droit ». Les signataires, dont l'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, le président de la RMN-GP Jean-Paul Cluzel, ou encore Jean-Noël Jeanneney, affirment aussi avoir pu apprécier « les grandes compétences professionnelles d'Agnès Saal, sa remarquable capacité de travail, son attachement à la Culture, son sens aigu du service de l'Etat ». Ils concluent ainsi : « Il faut dans cette affaire raison garder et ne pas faire l'impasse sur ce que le ministère de la Culture peut encore attendre des éminentes qualités professionnelles d'Agnès Saal ».

Agnès Saal est dans la tourmente depuis la révélation de ses frais de taxi exorbitants et sa démission de son poste de présidente de l’INA fin avril. Par la suite elle a été nommée fin mai au ministère de la Culture en tant que chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Fleur Pellerin, obligée de se justifier face aux critiques, a déclaré que cette nomination constituait déjà « une réelle sanction puisqu'elle était présidente de l'INA, et qu'elle est aujourd'hui chargée de mission », et qu’une enquête administrative était en cours qui devrait aboutir à une décision du conseil de discipline d’ici peu de temps et à d’éventuelles sanctions. Toutefois, l'association de lutte contre la corruption Anticor a déposé le 29 mai une plainte contre Agnès Saal pour « détournement de fonds publics », et Fleur Pellerin, face aux pressions et dans un « souci d’exemplarité », a finalement saisi le 1er juin le procureur de la République de Créteil. Depuis la semaine dernière Agnès Saal est également suspectée d’avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » lorsqu’elle était directrice générale du Centre Pompidou et la justice a été saisie.

C’est dans ce contexte que le ministère de la Culture a indiqué à l'AFP mercredi que Fleur Pellerin compte adresser dans les jours à venir une circulaire destinée à renforcer le contrôle des dépenses, surtout pour les frais de déplacement et de représentation. Fleur Pellerin avait confié le 17 avril à l'Inspection Générale des Affaires Culturelles et au Contrôle Général Economique et Financier une mission pour « rappeler le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposer, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement » des établissements culturels publics.

Légende photo

Agnès Saal à l'INA - juillet 2014 © photo Dominique Faget / AFP

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