Justice

La cousine de Gurlitt fait appel de la décision du Tribunal de Munich

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 29 avril 2015 - 481 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [29.04.15] - Le Tribunal de Munich avait confirmé la validité du testament de Gurlitt, désignant le Musée des beaux-arts de Berne légataire universel de ses biens. L’appel déposé par Uta Werner ne devrait pas retarder les premières restitutions d’œuvre spoliées par les nazis.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Gurlitt. Le 18 février dernier, Uta Werner, la cousine du collectionneur allemand, avait entamé une procédure de contestation du testament de ce dernier. Le 23 mars, le Tribunal administratif de Munich avait rejeté la demande d’Uta Werner, sur la base des documents fournis par les différents partis intéressés. Le tribunal confirmait ainsi la validité du testament désignant le Musée des beaux-arts de Berne légataire universel de biens de Cornelius Gurlitt. Ledit musée devait entrer en possession de l’héritage à la fin du mois, si Uta Werner ne faisait pas appel de la décision. Le « trésor de Munich » comprend plus de 1 500 œuvres, dont environ un tiers pourraient avoir été spolié à des juifs par les nazis. Un autre tiers provient de l’art dit « dégénéré », les œuvres saisies dans les musées allemands en 1937.

Mais Uta Werner a annoncé le 28 avril avoir décidé de faire appel. Elle explique ses intentions dans une lettre ouverte adressée notamment à la Ministre fédérale de la Culture, Monika Grütters. Elle maintient que peu avant son décès, Cornelius Gurlitt n’était pas en mesure de rédiger un testament de son libre arbitre. Elle explique qu’en tant que « demi-juive » selon la terminologie des lois de Nuremberg, elle a souffert de la terreur nazie. Elle condamne « le traitement bureaucratique de la restitution des biens spoliés » en Allemagne, et souhaiterait accélérer ce processus si elle entrait en possession de l’héritage. Elle souhaite également que les œuvres « d’art dégénéré » restent en Allemagne.

Le Musée des beaux-arts de Berne a pris acte de cette décision. Le musée précise dans un communiqué qu’il « n’est toujours pas autorisé à assumer l’héritage qui lui a été légué par testament. La situation existante ne change en rien : l’action du [musée] reste quant à la succession limitée au minimum indispensable ; en particulier, le centre de recherche qui doit être mis en place ne peut pas, dans ces circonstances, démarrer ses travaux. Il n’est pour l’instant pas possible de préciser la durée de la procédure. »

Prochaine étape, la juge du Tribunal de Munich doit examiner l’appel d’Uta Werner, et soit revenir sur sa décision, soit transférer le dossier à la Cour d’appel du Land de Bavière. La porte-parole du Tribunal affirme que l’appel ne ralentira pas les procédures de restitution des œuvres spoliées, dont le Matisse ayant appartenu à Paul Rosenberg. Deux traités de restitution ont été signés, entre le gouvernement allemand et les ayants droit légitimes, et doivent être validés par le Tribunal de Munich. Un troisième traité est en cours de négociation.

Légende photo

Conrad Felixmüller (1897-1977), Paar in Landschaft (Couple à la campagne) (1924), aquarelle, 58,80 x 44,60 cm, ex-collection Cornelius Gurlitt © Photo Staatsanwaltschaft Augsburg

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