Des « Assises de la jeune création » en accéléré

Par David Robert (Correspondant à Rio de Janeiro) · lejournaldesarts.fr

Le 17 avril 2015 - 504 mots

PARIS [17.04.15] - Consultation rapide, petits groupes de travail, rajeunissement des panels : Fleur Pellerin organise une concertation express dans le domaine de la création avant les grands chantiers législatifs de septembre. Un calendrier qui laisse perplexe.

A chaque ministre son moment d’écoute et d’observation, sa prise de température du secteur. Si Aurélie Filippetti n’a pas eu le loisir de s’y atteler, Fleur Pellerin n’aura pas beaucoup attendu pour tester une formule à son image : jeunesse, dynamisme et diversité. Les quinze artistes (dont 10 femmes sur 15) ambassadeurs des « Assises de la jeune création », lancées officiellement vendredi 17 avril par la ministre, viennent de toutes les disciplines artistiques, de toutes les origines. Ils ont moins de 40 ans (c’est rare) et exercent une pratique reconnue par leur milieu pour son « caractère innovant et transversal ». L’échantillon illustre une certaine idée de la jeune création en France, moins politique et plus avant-gardiste que les membres de feu le haut conseil de Marin Karmitz ou certaines représentations professionnelles.

« Comment favoriser la diversité dès l’accès aux pratiques artistiques ? (…) Comment imaginer des formations qui anticipent les besoins des artistes de demain ? » Voilà le type de questions auxquelles ces ambassadeurs devront répondre en animant et nourrissant des groupes de travail autour de six thèmes : diversité (représentativité), formation, repérage (diffusion et détection des jeunes talents), mobilités (rayonnement et ouverture), insertion (questions de statuts) et solidarités et transversalités (circulation des idées, caractère intergénérationnel des relations). A raison de deux séances (c’est peu) par groupe de travail, les réunions seront d’abord fermées, en petit comité, avant de s’ouvrir ensuite à plus de contributeurs – dans un périmètre qui reste à définir.

La formule se démarque du dernier « forum » conclu par Frédéric Mitterrand à la Villette en 2011. Le terme de démocratisation a disparu, tout comme celui de culture (ni « pour tous », ni « pour chacun »). Les tours de table seront expéditifs (12 journées en 8 semaines). Pour échapper au reproche technocrate, Fleur Pellerin a placé les créateurs au cœur du processus. Plus que de réinventer la politique culturelle, l’enjeu semble surtout de mettre en lumière des bonnes pratiques.

En souhaitant organiser des « débats libres et constructifs », l’objectif est d’enrichir la réflexion par la bande, d’éviter les tabous et les positions de principe des interlocuteurs habituels (grands opérateurs, lobbies industriels, syndicats), par des rencontres plus informelles. Mais le calendrier laisse perplexe : la concertation semble précipitée, soudainement calée entre l’avant-projet de loi sur la création, l’architecture et le patrimoine qui a commencé à circuler et son passage devant le parlement en septembre. La rentrée sera aussi marquée par l’ouverture des discussions sur le régime des intermittents. Vu l’ombre portée de ces deux dossiers phares pour 2015, on comprend mal l’intérêt des groupes de travail.

Fleur Pellerin fait le pari de l’initiative individuelle plus que de la concertation sectorielle, à quatre mois du règlement politique de dossiers chauds qui vont largement déterminer le succès de sa mandature.

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Fleur Pellerin au ministère de la Culture, avril 2015 © photo JOEL SAGET / AFP

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