Justice

Un Pissarro au cœur d’une procédure judiciaire aux Etats-Unis

Par Chloé Redon · lejournaldesarts.fr

Le 18 mars 2015 - 445 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [18.03.15] – Léone Meyer, héritière de l’un des fondateurs des Galeries Lafayette revendique depuis longtemps la propriété d’une œuvre réalisée par Pissarro et exposée à l’Université d’Oklahoma. La procédure judiciaire vient d’évoluer en sa faveur.

Camille Pissarro, La Bergère rentrant ses moutons, 1886, huile sur toile, 46 x 38 cm. © Fred Jones Jr Museum of Art, public domain
Camille Pissarro, La Bergère rentrant ses moutons, 1886, huile sur toile, 46 x 38 cm.

La justice américaine a réactivé une affaire opposant l’université d’Oklahoma à Léone Meyer, héritière française du fondateur des Galeries Lafayette, quant à la propriété d’une œuvre de Camille Pissarro. Selon le Los Angeles Times, le musée des arts de l’université expose depuis plus de dix ans le tableau Bergère rentrant des moutons réalisé par Pissarro en 1886. Il a, en effet, été légué à l’établissement en 2000 par Aaron et Clara Weitzenhoffer, un couple américain ayant fait fortune dans le pétrole. Ces derniers l’auraient, eux-mêmes, acquis d’un marchand d’art new-yorkais en 1956.

Cependant, Léone Meyer affirme depuis plusieurs années que cette peinture appartenait à son père, Raoul Meyer, avant qu’elle ne lui soit confisquée par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle a donc entamé des poursuites judiciaires dans l’Etat de New York au motif que l’université d’Oklahoma y avait des activités. Le juge fédéral ayant rejeté son recours, Léone Meyer a interjeté appel. Jeudi dernier, deux juges de la 2nde US Circuit Court of Appeals de Manhattan ont ainsi renvoyé l’affaire au juge précédent afin qu’il revoit sa décision et, notamment, qu’il se prononce quant au transfert de l’affaire devant la justice de l’Oklahoma.

Cette décision donne un second souffle -plus propice aux intérêts de Léone Meyer- à cette affaire qui n’avait pas évolué depuis 1956. Cette année-là, Raoul Meyer avait revendiqué la propriété de l’œuvre de Pissarro devant la justice suisse. Or, la cour avait rejeté sa demande au motif que le détenteur du tableau avait légalement établi son droit de propriété sur celui-ci. Depuis, il était impossible pour Léone Meyer d’obtenir une révision du procès car les juges américains estimaient que la procédure suivie par la cour suisse était « full and fair » (complète et équitable), et qu’ils devaient donc s’y conformer.

Toutefois, le Los Angeles Times remarque que la position de la justice américaine ne semble pas intangible sur cette question. Deux conventions internationales, The Washington Principles de 1998 et The Terezin Declaration de 2009, reconnaissent que les recours exercés par des personnes juives pour recouvrer des œuvres d’art spoliées par les nazis n’ont en réalité jamais été examinés justement par les tribunaux de l’après-guerre et qu’ils doivent être étudiés en fonction de leur mérite et non de raisons procédurales. Bien que ces dispositions ne concernent que les collections nationales des Etats-Unis, plusieurs propriétaires privés se sont sentis éthiquement tenus de rendre les œuvres d’art spoliées à leur propriétaire originel.

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