La naissance du MuCEM disséquée par la Cour des comptes

Par Séverine Petit · lejournaldesarts.fr

Le 16 février 2015 - 515 mots

PARIS [16.02.15] - Rituel de chaque début d’année, la Cour des comptes a publié mercredi 11 février son rapport public annuel analysant la situation financière des organes de l’Etat. Cette année, le MuCEM fait partie des établissements publics ayant retenu l’attention des magistrats.

Dans son rapport annuel sur les comptes de la nation, la Cour des comptes en profite toujours pour s’intéresser à une vingtaine d’agences ou d’établissements publics. Cette année outre les stations de ski des Pyrénées ou les trains Intercités, elle dresse le bilan de la construction du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) et de sa première année d’activité. Les magistrats de la Cour ont souhaité mettre en avant les difficultés rencontrées par le projet de création du MuCEM malgré un « succès […] indéniable », un « accueil positif de la critique et l’engouement du public ».

Inauguré en juin 2013, alors que le projet aurait dû aboutir dès 2008, c’est avant tout l’immobilisme et le manque de réactivité des acteurs impliqués dans la création de ce musée d’un nouveau genre que la Cour des comptes pointe du doigt. Prenant la suite du Musée national des arts et traditions populaires (MNATP) délocalisé à Marseille en 2000 – dont le bâtiment du Bois de Boulogne est aujourd’hui laissé à l’abandon sans aucune piste de réaffectation à court terme -, c’est dès 2001 que la décision est prise d’étendre le champ muséographique du futur MuCEM aux civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Victime de la Réforme générale des politiques publiques (RGPP) en 2007 et d’une désaffection des élus autant que des équipes en charge du dossier, éclatées en plusieurs structures et sur plusieurs lieux, le MuCEM ne doit son salut, selon la Cour, qu’à la désignation, en 2008, de Marseille comme capitale européenne de la culture pour 2013.

La gouvernance de l’institution, qualifiée de « dispendieuse » est épinglée (multiplication des structures, gestion fâcheuse des ressources humaines ayant mené à des surcoûts…) et les auteurs du rapport regrettent qu’il en ait été de même concernant le projet scientifique du musée. Le manque de coordination avec d’autres structures similaires, que ce soit le Quai Branly, la Cité nationale de l’immigration, le Musée des Confluences à Lyon ou encore le Musée de l’Homme, prive chacun de ces établissements d’une dynamique d’ensemble bénéfique dans la définition du sens et du rôle d’un musée de société aujourd’hui, voire les met en concurrence en ce qui concerne la programmation culturelle donc les demandes de prêts.

Rappelant la spécificité du MuCEM, seul exemple de déconcentration d’un musée national et de ses collections en région et également première expérience de la conduite d’un partenariat public-privé par le ministère de la Culture pour la construction des réserves, la cour des comptes questionne également la conduite complexe des cinq chantiers simultanés du musée ainsi que la gestion quotidienne de l’établissement. C’est d’ailleurs sur cette base qu’elle émet des doutes sur la capacité du MuCEM à atteindre les objectifs fixés par le ministère de la Culture, notamment en termes de ressources propres, une fois l’effet de nouveauté passé.

Légende photo

Le MUCEM à Marseille - © Photo blandineschillinge - 2014 - Licence CC0 Public Domain

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