Italie - Société

Bologne craint des attaques islamistes à cause d’une fresque du XVe siècle représentant Mahomet

Par Isabelle Freysselinard · lejournaldesarts.fr

Le 21 janvier 2015 - 396 mots

Après l’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, Bologne a renforcé les contrôles à l’entrée de la basilique de San Petronio, dans laquelle se trouve une représentation de Mahomet aux Enfers datant du Quattrocento.

Dans la basilique de San Petronio de Bologne, sur une fresque de Giovanni da Modena dans la chapelle Bolognini qui date du Quattrocento, on peut voir un démon en train de torturer un vieil homme ayant les mains et les pieds liés. Le nom inscrit sous cette représentation ne fait aucun doute sur l’identité de ce personnage, il s’agit du prophète Mahomet.

Monseigneur Leonardi, le primicier de la basilique, explique que cette représentation est inspirée de la Divine Comédie de Dante et qu’il faut la replacer dans son contexte. « Il n’y a rien d’offensant ou d’irrévérencieux dans la fresque. », affirme-t-il. « Cette représentation de Mahomet rappelle le fait qu’il aurait brisé l’unité de l’Eglise (puisqu’au Moyen Âge on pensait l’Islam comme un schisme chrétien), et là c’est sa personne elle-même qui est détruite dans son intégrité. », d’après La Reppublica.

Malgré cette explication, la représentation faite par Giovanni da Modena est loin d’être comprise par tous. Pendant l’été 2002, un attentat de quatre Marocains et d’un Italien avait été déjoué grâce à une caméra de surveillance présente dans l’église ; ils projetaient de faire sauter l'église. En 2006, la police italienne déjoua une nouvelle tentative d'attentat. Un article de Il Giornale datant d’octobre 2014 évoquait ces risques d’attentats : « L’Italie est dans le viseur de l’Etat islamique, ce que confirment les services secrets du Maroc, qui parlent d’attentats déjoués au dernier moment à Milan, Bologne et Padoue. ».

Après l’attentat de Charlie Hebdo à Paris, les contrôles de sécurité à l’entrée de la basilique San Petronio ont été renforcés avec l’utilisation d’un détecteur de métaux. Nadia Monti, la conseillère municipale chargée de la sécurité de la commune de Bologne, souhaite rassurer les Bolonais. Elle a demandé le 9 janvier d’« éviter les réactions alarmistes de toutes sortes qui risqueraient de déclencher une dangereuse vague de terreur dans la ville », interrogée par Mirka Cocconcelli (Ligue du Nord) et Manes Bernardini (Groupe mixte) dans le Question Time. « Nous avons eu ces derniers jours des contacts avec la préfecture et la préfecture de police, ce sont des mesures qui nécessitent une totale confidentialité. » a-t-elle ajouté, d’après Bologna Today.

Légende photo

Fresque de Giovanni da Modena (1379 ? - 1455 ?), Inferno (c. 1408-1415), Basilique de San Petronio de Bologne, Italie

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