Importantes découvertes de fresques sur un site de fouilles à Novgorod, en Russie

Par Séverine Petit · lejournaldesarts.fr

Le 12 janvier 2015 - 806 mots

NOVGOROD (RUSSIE) [12.01.15] – Le responsable des fouilles du site de la Cathédrale Saint-Georges de Novgorod a publié les résultats de la campagne de l’été 2014. Des découvertes importantes ont été réalisées avec la mise au jour de morceaux de fresques et d’inscription remontant aux origines de la Rus’.

Le site de la Cathédrale Saint-Georges, au sein du monastère du même nom au sud de la ville de Novgorod, a été le lieu de découvertes archéologiques importantes lors de la campagne de fouilles de l’été 2014. Le responsable du lieu, Vladimir Sedov, a publié en décembre dans le quotidien Kommersant un compte rendu des recherches effectuées.

La ville de Novgorod, située à 200 kilomètres au sud de Saint-Pétersbourg, près des rives du lac Ilmen, est une des plus anciennes cités russes. La chronique des temps passés, rassemblée par le moine Nestor au début du XIIe siècle, atteste de son existence dès 859, avant même l’épisode fondateur du baptême de la Rus’ (Russie ancienne) en 988 par Vladimir. Siège de la principauté de Riourik, premier monarque de la Rus’ et fondateur de la dynastie des Riourikides, précédant celle des Romanov, la ville de Novgorod a toujours occupé une place particulière en Russie. Gouvernée par le fils aîné du Prince de Kiev jusqu’au XIIe siècle, elle se constitue ensuite en République autonome en 1136 avant son déclin au XVe siècle face au développement florissant de la ville de Moscou.

Le riche passé de Novgorod, qui compte aujourd’hui plus de 200 000 habitants, est depuis longtemps l’objet de fouilles archéologiques. La portée de ces recherches est fondamentale pour éclairer les origines de la Russie à partir des VIIIe et IXe siècles, mais également pour mieux documenter les origines d’une puissance séculaire. A l’été 2014, la mission archéologique s’est concentrée sur la cathédrale Saint-Georges, dont la construction remonte à 1119. Réussir à mettre en place cette campagne de fouilles était déjà un succès en soi puisque l’édifice est l’élément principal d’un monastère en activité. Toutefois, à la faveur de négociations avec le Métropolite Lev Tserpitski de Novgorod, portant sur l’inscription du monastère auprès de l’UNESCO, le chantier a pu être lancé au début de l’été 2014 avec deux sondages, le premier au niveau de l’autel dans l’abside centrale et le second dans la partie nord de la cathédrale.

Les premières strates de la partie nord ont révélé la présence d’une dalle de pierre mentionnant la présence de la dépouille de Saint Theoctistus dont la translation du corps à Novgorod aurait eu lieu en 1786, alors que toute information sur le lieu d’inhumation du Saint avait été perdue. Seule sa châsse en argent avait été retrouvée dans les années 1930, avant d’être oubliée. Cependant, ce sont les fouilles de l’autel qui ont révélé les vestiges les plus spectaculaires. Au fil du temps, des glissements de terrain dus à des pluies torrentielles auraient amené les différents occupants du monastère à consolider et surélever le sol de la cathédrale à de nombreuses reprises. Lors d’une de ces tentatives de renforcement, dans les années 1820, avaient été retrouvés quelques fragments de fresques primitives qui donnaient l’espoir aux chercheurs d’y découvrir d’autres pièces. Les premières découvertes de l’été 2014 ont été à la hauteur de leurs attentes. Il s’agit d’abord du visage entier d’une Vierge Marie. Non pas d’un fragment d’une peinture, mais bien d’un visage intégralement conservé, une chance au vu de l’importance que revêt le visage dans la peinture orthodoxe de modèle byzantin. D’autres visages ont ensuite été exhumés, un jeune homme sans nimbe, un vieillard, puis des fragments : oreilles, nez, barbes… Le tout réalisé dans un même style, appuyant l’idée d’une provenance identique, peut être une scène de groupe. L’image d’une jeune femme non nimbée accompagne l’ensemble. Serait-ce la Tsarevna Elissava, ayant sauvé Saint Georges dans l’épisode du Miracle de Saint Georges au serpent ? Des fragments de fresque représentant des écailles vont dans le sens de cette identification. Ces images renseignent sur le langage pictural employé par les peintres religieux dans le premier tiers du XIIe siècle.

Enfin, une trentaine de fragments ont permis de reconstituer plusieurs inscriptions. L’une d’elle évoque la mort et les funérailles de l’archevêque Antoine en 1232 alors qu’une autre, sur fond vert, mentionne la mort de deux petits princes en 1198, enterrés dans cette même cathédrale, Izjaslav et Rostislav Iaroslavitch, fils du prince de Novgorod Iaroslav Vladimirovitch. Ces inscriptions sont aujourd’hui les plus importantes que les archéologues de la Russie médiévale ont pu retrouver. Si d’autres endroits avaient déjà été fouillés à Novgorod, comme le site du Monastère de l’Annonciation, il semblerait que ces dernières découvertes soient la plus grande avancée que la recherche sur la Rus’ ait connu depuis plusieurs décennies. Le matériel récolté est désormais entre les mains de scientifiques et les fouilles reprendront l’été prochain, à la faveur d’un climat plus tempéré.

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