Le directeur de la Tate Modern, Nicholas Serota, en tête de la Power 100 List d’ArtReview

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 24 octobre 2014 - 840 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [24.10.14] – Le nouveau classement des 100 personnalités les plus influentes de la scène internationale d’art contemporain publié par le magazine londonien ArtReview place en tête le directeur de la Tate Modern, Nicholas Serota.

« La Tate, aux commandes de laquelle est Nicholas Serota depuis 1988, n’a peut-être pas la meilleure collection d’art moderne et contemporain au monde (le MoMA et le Centre Pompidou la défient pour cela), mais l’institution britannique – représentée par l’homme qui la dirige – devient la première de ce type à dominer ce classement », pour son rayonnement comme pour sa programmation. C’est par cette belle tautologie que le magazine international d’art contemporain basé à Londres, ArtReview, a justifié son choix de placer Nicholas Serota, 68 ans, en tête de sa power list.

Pour le magazine, sous son impulsion, la Tate a pris une orientation résolument internationale et grand public. En témoigne notamment l’exposition « Henri Matisse: The Cut-Outs » qui a attiré cette année 562 622 visiteurs, un record pour l’institution. D’après ArtReview, les quatre Tate (Tate Modern, Tate Britain, St Ives et Liverpool) ont accueilli 7 millions de visiteurs en 2013 (soit moins que Le Louvre avec ses 9 millions de visiteurs). Nicholas Serota a démontré la capacité d’autofinancement de l’institution : d’ici 2016, la Tate Modern devrait être agrandie avec le projet d’extension d’Herzog & de Meuron, dont le budget s’élève à 215 millions de livres.

Le directeur de la Tate Modern ravit ainsi la première place du classement à Sheikha Al-Mayassa Bint Hamad Bin Khalifa Al-Thani, qui passe en 13e position. Suivent deux galeristes, David Zwirner et Iwan Wirth (Hauser & Wirth), respectivement en deuxième et troisième position.

Quatre femmes se distinguent dans le top 10 : l’artiste Marina Abramovic (qui passe de la 11e à la 5e place), Julia Peyton-Jones (co-directrice de la Serpentine Gallery), qui passe de la 5e à la 6e position avec Hans Ulrich Obrist, la galeriste Marian Goodman (de la 14e à la 9e) et l’artiste Cindy Sherman (de la 13e à la 10e).

Parmi les Français, on relève l’entrée dans le classement d’Alain Seban et Bernard Blistène (président du Centre Pompidou et directeur du Musée national d’art moderne) à la 12e position. Bernard Arnault (qui passe de la 31e à la 23e position), François Pinault est en net recul (de la 19e à la 34e position). Le gagnant du prix Hugo Boss, Pierre Huyghe, passe de la 45e à la 38e place, Emmanuel Perrotin passe de la 58e à la 61e place. Nicolas Bourriaud (directeur de l’ENSBA Paris) progresse de 11 places pour arriver à la 76e. Thaddaeus Ropac subit un léger déclassement de la 71e à la 78e.

La Franco-Néo-Zélandaise Jennifer Flay gagne une place, pour arriver en 98e position… ArtReview décrit néanmoins la FIAC comme une foire qui prend une « importance croissante ».

Des systèmes de classement arbitraires
Si, depuis le Kunst Kompass apparu en 1971, les systèmes de classement se sont généralisés, les critères utilisés par les classements ne sont pas toujours très objectifs. « Instable, reposant sur l’agrégation de jugements de quelques experts essentiellement journalistes, ce classement inclut tous les acteurs du monde de l’art contemporain qui, « tout en se présentant global, est très fortement “caucasien” et européano-centré » explique le sociologue Alain Quemin dans son dernier ouvrage (1). L’opacité des données de ces palmarès complexifie l’interprétation du marché et de la scène contemporaine.

Un classement concurrent a été établi pour la première fois cette année par le site internet Artlyst au motif que l’ArtReview 100 serait « erroné et désuet, basé sur des critères d’influence purement financiers ». Grayson Perry domine ce palmarès.

Autre classement notoire : celui du quotidien londonien Evening Standard (dont le propriétaire est le milliardaire russe Alexandre Lebedev depuis 2009), publié pendant la Frieze Week. Ce classement détermine les 1 000 personnalités les plus influentes à Londres. Au-delà du marché de l’art, celui-ci prend en compte le théâtre, la littérature, la danse ou encore le cinéma. Parmi les 40 artistes et commissaires mentionnés, de nombreuses personnalités sont à la direction d’institutions qui pèsent lourds sur la scène contemporaine : Nicholas Serota (Tate), le duo Julia Peyton-Jones et Hans-Ulrich Obrist (Serpentine Gallery), Iwona Blazwick (Whitechapel Gallery), Polly Staple (Chisenhale Gallery) et Gregor Muir (ICA). Amanda Sharp et Matthew Slotover (les fondateurs de la Frieze qui ont annoncé leur démission) ainsi que Victoria Siddall (la nouvelle directrice des trois foires Frieze) sont mentionnés. Les galeristes Sadie Coles, Jay Jopling (White Cube), Iwan Wirth (Hauser & Wirth) et deux nouveaux arrivants dans le classement, Roger Tatley (Marian Goodman London) et Chris Hammond (MOT International) sont également cités. Des représentants de Christie’s et Sotheby’s, le collectionneur et homme d’affaires Charles Saatchi et enfin, des artistes tels que Sarah Lucas, Ed Adkins, Antony Gormley, ou encore Laure Prouvost font partie des heureux élus.

Note

(1) Alain Quemin, Les stars de l'art contemporain. Notoriété et consécration artistiques dans les arts visuels, Paris, CNRS Éditions, coll. « Culture & société », 2013, 457 p., ISBN : 978-2-271-07983-1. (Chapitre 3, p. 241).

Légende photo

Nicholas Serota - © Photo Wikimedia - 2006 - Licence CC BY-SA 3.0

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