Mauritshuis, une jeune fille « en or »

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 27 juin 2014 - 506 mots

Le tableau de Vermeer, La Jeune Fille à la perle, est un véritable filon pour le musée néerlandais qui vient de rouvrir, dans les temps.

LA HAYE (PAYS-BAS) - Emilie Gordenker, la directrice du Mauritshuis ne veut pas communiquer de chiffres, mais on devine que la « tournée mondiale » de La Jeune Fille à la perle, en compagnie d’autres tableaux de la collection du Cabinet Royal de peintures a rapporté beaucoup d’argent. Suffisamment pour boucler le tour de table des 30 millions d’euros nécessaires à la rénovation – extension du musée privé, dans lequel figure notamment la compagnie pétrolière Shell qui en échange de 3 millions d’euros, a donné son nom à une nouvelle aile.

Cette nouvelle aile est logée dans un bâtiment art déco de l’autre côté de la rue et est reliée astucieusement au bâtiment historique XVIIe par un vaste accueil sous-terrain. Contrairement au Louvre qui a inspiré l’architecte, nul édifice spectaculaire ne signale l’entrée, et l’on a l’impression de descendre dans une bouche de métro. « Nous avons presque doublé la surface passant de 3 400 m² à 6 400 m² », proclame la directrice. Mais mise à part la création d’un espace restreint pour les expositions temporaires, les nouvelles surfaces sont en fait consacrées aux services attendus dans un musée moderne : restaurant, salle pédagogique, boutique, bibliothèque. De sorte que les espaces alloués aux collections permanentes, de l’ordre de 1 500 m², ce qui est réduit pour un musée de cette envergure internationale, augmentent peu.

Cette inversion dans la hiérarchie des espaces, très caractéristique des entreprises culturelles que sont devenus aujourd’hui certains musées laisse perplexe. Mais si le Mauritshuis peut s’engager dans cette voie, c’est que sa collection de tableaux du Siècle d’or hollandais est de grande qualité, et qu’elle attire autant les visiteurs lors de ses tournées (2,2 millions) que dans son port d’attache. Elle compte plusieurs œuvres célèbres pour lesquels se déplacent chaque année plus de 150 000 visiteurs étrangers qui vont admirer La Vue de Delft de Vermeer ou La leçon d’anatomie de Rembrandt. L’accrochage a d’ailleurs été peu modifié dans le palais de Johan Maurits (1604-1679), qui bénéficie d’une nouvelle climatisation, d’un changement des fenêtres et de nouvelles tentures.

Les tableaux, souvent de petit ou moyen format en raison de la configuration des lieux, sont parfois accrochés bord à bord comme dans les cabinets de curiosité. La star des lieux, La Jeune Fille à la perle ne bénéficie d’aucun traitement de faveur comme La Joconde au Louvre. Cette absence de mise en scène et la cohérence de l’accrochage font tout le charme des lieux qui ne sont qu’à 3h20 de Paris par le train, porte à porte. Malgré une jauge de sécurité généreuse de 1000 visiteurs, Emilie Gordenker ne veut pas augmenter outre mesure la fréquentation et vise 300 000 personnes ( 15 %). Elle tient à « soigner le confort des visiteurs ». Un confort un peu cher tout de même pour 250 tableaux : 14 €.

Mauritshuis

Mauritshuis, Plein 29, 2511 CS La Haye, Pays-Bas, jusqu’au 1er novembre lun-dim 10h00-18h00, Jeu 10h00-20h00, www.mauritshuis.nl

Légendes photos

Johannes Vermeer (1632-1675), La Jeune Fille à la perle (c.1665), huile sur toile, 46,5 x 40 cm, Mauritshuis, La Haye, Pays-Bas - Source Wikimedia

Vue en coupe du nouveau Musée Mauritshuis - © photo Mauritshuis

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