École d'art

Beaux-arts de Paris : grandes manœuvres en préparation

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 10 février 2014 - 646 mots

PARIS [10.02.14] - Dans leur lettre commune de réponse au référé de la Cour des comptes, Aurélie Filippetti et Geneviève Fioraso annoncent étudier plusieurs mesures importantes concernant l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, dont son rapprochement avec les autres grandes écoles nationales d’art et de design du Grand Paris.

La réponse a un peu tardé mais elle est finalement arrivée et annonce de grands changements à venir, concernant en particulier l’ENSBA. Le 15 novembre dernier, la Cour des comptes adressait aux deux ministres qui assurent dorénavant la tutelle de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (Culture et Enseignement supérieur), un « référé » c’est-à-dire un rapport sur la gestion de l’ENSBA de 2001 à 2011. Dans les faits le constat porte aussi sur la situation actuelle de l’école sous la direction de Nicolas Bourriaud arrivé en novembre 2011.

Particulièrement critique, le rapport pointe de graves problèmes dans chacun des aspects de l’école. La réponse des deux ministres, datée du 3 février, partage en partie les analyses des magistrats de la Rue Cambon et laisse entrevoir de profondes réformes.

Elle reconnait implicitement la critique concernant la trop grande spécialisation de l’enseignement à l’ENSBA « limitant très fortement les débouchés à la sortie de l’école » en révélant le taux d’insertion professionnel des diplômés de l’ENSBA trois ans après leur diplôme : 74 % (62 % dans le champ même de leur diplôme), « un taux conforme à la moyenne des écoles supérieures d’art » selon les 2 ministres. Justement, le problème est là, on s’attendrait à un taux nettement supérieur à la moyenne pour l’ENSBA.

Conscientes de la faible taille critique de l’ENSBA sur le marché mondial de la formation artistique, Aurélie Filippetti et Geneviève Fioraso envisagent deux scénarios, dont l’un n’est ni plus ni moins que « le rapprochement des grandes écoles d’art et de design du Grand Paris dépendant de l’Etat » (page 3). La possibilité d’un tel regroupement est rappelée plus loin (page 7).

D’ici là, le champ d’intervention de Nicolas Bourriaud risque de se rétrécir singulièrement. S’agissant de la situation critique de conservation des collections de l’ENSBA, exposées au triple risque d’incendie, de vols et d’inondation selon la Cour, les deux ministres annoncent une inspection dont on comprend que les rapporteurs ne seraient pas hostiles à un transfert des imprimés à l’INHA ou à la BNF et du reste de la collection au Louvre. La gouvernance de l’école fait d’ailleurs l’objet actuellement d’une autre inspection.

Le nouveau président n’avait pas caché son intention de redynamiser la politique d’exposition dans des galeries qui ont repris leur nom historique de Palais des beaux-arts. On apprend dans la lettre de réponse que le développement des expositions « a subi en 2013 les conséquences de la baisse des revenus du mécénat » et que « ce poste budgétaire subira une baisse importante dans le budget 2014 ». En conséquence de quoi la tutelle va proposer à Nicolas Bourriaud des projets d’expositions menés en partenariat avec Le Louvre, le Centre Pompidou ou le Palais de Tokyo. Le coup est rude. Du reste le site Internet de l’ENSBA n’annonce, pour l’instant, aucune exposition pour 2014.

Est-ce un effet du partage récent de la tutelle avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la volonté de simplification de Geneviève Fioraso ? Au-delà de la situation particulière de l’ENSBA, la lettre évoque en effet la situation des écoles en région et annonce une étude « en cours d’élaboration d’une cartographie des établissements et des formations qui permettra d’analyser les rapprochements possibles entre établissements d’enseignement supérieur des arts plastiques et du spectacle vivant ». La MAP semble aller bien plus loin que la RGPP. Traduction : la révision générale des politiques publiques (RGPP), voulue par l’ancienne majorité afin de baisser les dépenses publiques et améliorer les politiques publiques, a été remplacée en 2012 par la moins médiatisée mais plus ambitieuse Modernisation de l’action publique (MAP).

Légende photo

École nationale supérieure des Beaux-Arts - Paris - © Photo Selbymay - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0 Le Jugement Dernier (1541) de Michel-Ange (1475-1564) - Chapelle Sixtine - Musées du Vatican - Rome - Italie - Source Wikimedia

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