Abandon du projet de vente de la Maison de France à Berlin

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 29 janvier 2014 - 550 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [29.01.14] - L’annonce de la vente de la Maison de France dans la capitale allemande avait provoqué un tollé en avril dernier. A l’occasion d’un déplacement à Berlin, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé l’abandon du projet.

La rumeur courait à Berlin depuis plusieurs semaines, elle a été officialisée lors d’un déplacement du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans la capitale allemande : la Maison de France ne sera finalement pas vendue. L’annonce du projet de vente en avril dernier avait provoqué un tollé à Berlin. D’autant plus que cette annonce intervenait en plein cœur des célébrations du cinquantenaire du Traité de l’Elysée, traité qui scelle l’amitié franco-allemande. La presse allemande, aussi bien régionale que nationale, avait fortement critiqué cette décision.

Symbole de la présence culturelle française à Berlin-Ouest depuis 1950, la Maison de France est située sur le Kudamm, les Champs-Elysées berlinois. Elle abrite notamment l’Institut français, une partie des services culturels de l’ambassade de France en Allemagne, et un cinéma privé, le Cinéma Paris. La vente du bâtiment avait été décidée en raison de mesures de rationalisation budgétaire du Quai d’Orsay. L’Institut français aurait déménagé dans les locaux de l’ambassade, situés dans le quartier plus central de Mitte.

Selon l’ambassade d’Allemagne en France, le projet a finalement été abandonné pour deux raisons. D’une part, le fait que la façade du bâtiment soit classée monument historique diminuait considérablement le prix de vente envisagé initialement. D’autre part, l’accès au grand public de l’Institut français se serait mal accommodé des mesures drastiques de sécurité propres à l’ambassade. Outre des cours de langue, l’Institut français propose en effet de nombreuses manifestations culturelles, telles que des lectures, conférences et expositions d’art. De fait, l’Amerika Haus de Berlin avait dû fermer ses portes seulement sept ans après avoir été rapatriée dans les locaux de l’ambassade américaine.

Même si la vente du bâtiment ne prévoyait aucune réduction de personnel, les employés de l’Institut français s’étaient fortement mobilisés contre le projet. Nathalie Lakotta, représente du personnel, déclare : « la pétition que nous avons lancée sur internet a recueilli 14 000 signatures, et nous avons également eu environ 5 000 signatures sur papier ». Parmi les signataires, le réalisateur Wim Wenders déclarait : « une vision effroyable : le Kudamm sans la maison de France ! ».

Si les opposants au projet peuvent se réjouir, l’ambassade de France en Allemagne apporte un bémol : les problèmes budgétaires persistent. Une solution pourrait consister à rapatrier au sein de l’ambassade certains services administratifs hébergés dans la maison de France, tels que le bureau des Arts plastiques, et le Bureauexport, en charge de la musique et du spectacle vivant. Cela permettrait de louer les locaux ainsi libérés dans la Maison de France. Autre bémol, le déménagement de l’Institut français au centre de Berlin aurait permis de se rapprocher des quartiers branchés de l’est, de Kreuzberg et Neukölln, et de toucher ainsi un public plus jeune. Une partie de la jeune communauté française voyait d’ailleurs d’un bon œil ce rapprochement géographique. Alors que la décision de conserver l’Institut français dans les beaux quartiers de Berlin-ouest vient seulement d’être officialisée, l’ambassade ne dévoile pas encore de projets concrets, mais va réfléchir à la manière d’élargir les lieux de diffusion de la culture française à Berlin.

Légende photo

La Maison de France à Berlin - © Photo Georg Slickers - 2005 - Licence CC BY-SA 2.0 

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