À Miami, les affaires ne faiblissent pas

Par Frédéric Bonnet · lejournaldesarts.fr

Le 6 décembre 2013 - 763 mots

MIAMI BEACH (ETATS-UNIS) [06.12.13] - Art Basel Miami Beach apparaît très en forme et toujours aussi attractive, malgré une qualité contrasté des œuvres présentées. Le Perez Art Museum Miami profite de la manifestation pour ouvrir son nouveau site.

Ils sont venus ils sont tous là ! Les collectionneurs, amateurs et curieux sont-ils cette année plus nombreux encore qu’auparavant à venir visiter Art Basel Miami Beach, dont la douzième édition se tient jusqu’au 8 décembre ? Les chiffres de fréquentation le diront mais une chose est sûre, il y avait embouteillage le 4 décembre, jour du vernissage. La rigoureuse organisation suisse a d’ailleurs été prise en défaut, faisant longuement patienter les VIP désireux d’entrer à l’ouverture dans un serpentin rappelant de manière pas des plus agréable une file d’immigration à l’arrivée dans un aéroport américain.

Toute la journée, les allées ont été fort encombrées, ce qui semblait être plutôt bon signe relativement à la qualité des affaires. Des affaires il s’en est faites en effet, et manifestement des bonnes, tant une très large majorité des marchands interrogés a manifesté une certaine satisfaction, avec des appréciations allant d’emblée du bon au très bon.

Certains, comme Hauser & Wirth (Zürich, Londres), avaient déjà fait « sold out » dès avant l’ouverture ! Chez Proyectos Monclova (Mexico), José García relevait que « le marché ne s’arrête pas, nous sommes sans cesse en contact avec de nouveaux acheteurs. » Tandis que les yeux de certains jeunes marchands brillaient d’une certaine excitation. Lucia Benavides (Lima) confiait ainsi : « Nous n’avons que trois ans et nous avons été admis pour notre première application. Tant en termes de marché que de contacts c’est ici mieux que dans n’importe quelle foire en Amérique latine. » Sur de nombreux stands, les réaccrochages en vue d’offrir de nouvelles œuvres allaient bon train dès le lendemain.

Du point de vue de ce qui est proposé, en revanche, c’est une foire à deux visages qui s’est révélée, avec d’un côté des enseignes ayant fait de louables efforts afin de se montrer originales voire un peu piquantes, et de l’autre un nombre non négligeable de stands véritablement consternants. Chez les premiers on relevait par exemple Mehdi Chouakri (Berlin) déployant une belle série de marines de Hans-Peter Feldmann sur une paroi rouge, PPOW (New York) consacrant son stand énergique à Carolee Schneemann en mettant l’accent sur des installations, Galería Sur (Montevideo) offrant un très bel ensemble de Joaquín Torres García ou Thomas Dane (Londres) accrochant avec légèreté et subtilité une ensemble pourtant assez dense de pièces de Walead Beshty, Jean-Luc Moulène ou José Damasceno.

Car a contrario, fut-il un peu chic, un déballage reste un déballage. Et des déballages, la foire en montre un certain nombre, soit des stands trop chargés et/ou mal accrochés qui au final deviennent difficilement lisibles, quand ce n’est pas la qualité des œuvres qui est prise en défaut. Parmi les pires sont à relever Paul Kasmin (New York), Roberts & Tilton (Los Angeles), Annely Juda (Londres), David Nolan (New York) et quelques autres… soit autant de participations paraissant bien inutiles.

Rhona Hoffman (Chicago), d’ordinaire plutôt inspirée, à cette fois-ci voulu jouer une carte jeune qui ne lui réussit guère. La palme du ratage revient sans doute à Maxwell Davidson (New York), dont l’accrochage de pièces en mouvement ou en références au cinétisme fait ressembler le stand à un petit musée des horreurs.

Cet état de fait revient à s’interroger sur les critères de sélection, annoncés très rigoureux, mais qui au vu de certains dérapages ne semblent pas toujours l’être autant que ça.

Les festivités avaient débuté en ville dès la veille, avec l’ouverture attendue du Pérez Art Museum Miami, nouvelle appellation de l’ancien Miami Art Museum, qui a quitté son espace mal commode du « downtown » pour prendre ses quartiers dans un édifice signé Herzog & de Meuron implanté au bord de la baie. D’aspect curieusement daté à l’extérieur, il laisse en revanche découvrir de formidables espaces intérieurs couvrant une surface globale de 11 000 mètres carrés sur deux niveaux. Amples et largement ouverts sur l’environnement, les galeries permettent notamment le déploiement d’un part très intéressante de la collection. Alors que cette dernière se montre largement orientée sur l’Amérique latine, forte apparaît la volonté d’internationaliser le positionnement de l’institution, puisqu’y est visible également un accrochage dévolu à Ai Weiwei, même si un tel choix paraît bien peu original, pour ne pas dire très convenu. Le musée étant largement soutenu par les autorités locales, il semble que Miami ambitionne de se positionner comme une destination culturelle… pas seulement une semaine par an.

Légende photo

Art Basel Miami Beach - Courtesy photo Barbie M. - 2012

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