Sur le marché de l’art chinois affecté par les contrefaçons, Qi Baishi serait le plus copié

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 29 octobre 2013 - 405 mots

PEKIN (CHINE) [29.10.13] – En Chine, où l’imitation est une qualité admirée et enseignée aux étudiants en arts, la montée en puissance du marché de l’art a entraîné la commercialisation illégale des copies. L’artiste moderne Qi Baishi serait le plus touché par ce phénomène. Plus du double de sa production estimée serait vendue aux enchères sous sa signature.

Dans une analyse sur le marché de l’art chinois, le New York Times met en lumière ses principaux vices parmi lesquels sa régulation trop laxiste, le systématisme de pratiques déloyales et fraudes dans les ventes publiques ou encore le non-paiement d’une grande partie des lots d’enchères qui sont pourtant enregistrées comme réglées et prises en compte dans la comptabilisation du marché.

Faisant l’état des lieux d’un marché dont la vigueur serait largement trompeuse, l’analyse met en lumière l’omniprésence des contrefaçons d’antiquités et d’œuvres de grands maîtres de la peinture traditionnelle chinoise, dressant un constat alarmant pour la crédibilité du marché, qui serait en baisse en partie pour cette raison.

Qi Baishi est selon cette analyse, l’artiste le plus emblématique de ce phénomène qui plombe la confiance des riches acheteurs, de plus en plus frileux. Considéré comme l’un des plus grands artistes modernes chinois, l’explosion de sa cote a conduit à un déluge de faux sur le marché. Selon l’éditeur du catalogue raisonné de l’artiste, Liu Xilin, la moitié des œuvres consignées dans les maisons de ventes sous le nom de Qi Baishi ne sont que de vulgaires copies. Les plus grandes maisons sont concernées, puisque China Guardian a vendu un faux en 2011, pour un prix record à l’époque de 65,4 millions de dollars.

Face aux doutes quant à son authenticité, l’enchérisseur n’a jamais réglé le prix d’adjudication - le problème des faux expliquerait en partie le fait que les enchérisseurs ne règlent pas leurs achats. Selon le peintre Xiao Ping, ancien conseiller en authentification au Musée Nanjing, « 80% des lots des petites et moyennes sociétés de ventes sont des copies. »

Les spécialistes estiment que la production de l’artiste serait de 10 000 à 15 000 œuvres, dont 3000 se trouvent dans des collections publiques, et dont un certain nombre ont été détruites lors de l’invasion japonaise dans les années 30, et pendant la Révolution Culturelle. Et pourtant, plus de 18 000 œuvres de Qi Baishi ont été offertes aux enchères depuis 1993 selon les archives des sociétés de ventes, rappelle le New York Times.

Légende photo

Qi Baishi (1863-1957) Voler la cuve à vin - source Wikimedia

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