École d'art

Les étudiants des Beaux-Arts critiquent plusieurs décisions de leur directeur

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 14 octobre 2013 - 609 mots

PARIS [14.10.13] - La soirée Ralph Lauren qui s’est tenue le 8 octobre au sein de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Paris a provoqué une mobilisation des étudiants qui ont vivement remis en cause l’organisation d’événements privés dans le cadre de leur école. Nicolas Bourriaud a dû remettre en cause plusieurs de ses projets.

Le 2 octobre 2013, les élèves de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Paris étaient informés par un courriel de Nicolas Bourriaud, directeur de l’établissement, que l’hôtel de Chimay serait fermé durant trois jours pour accueillir le 8 octobre une soirée privée du groupe Ralph Lauren.

Une contrepartie accordée au couturier qui finance à hauteur de 500 000 euros la restauration de l’amphithéâtre d’honneur décoré par une peinture murale réalisée en 1841 par Paul Delaroche.

14 ateliers ont ainsi été rendus inaccessibles aux élèves –qui y réalisent et stockent leurs œuvres sous la supervision d’un artiste- le 4, 8 et 9 octobre 2013.

Dénonçant la pénalisation de l’enseignement à l’ENSBA au profit d’événements privés et une absence de communication générale, les élèves ont manifesté devant l’école le 4 octobre.

Elèves, personnel et professeurs se sont réunis les 7 et 10 octobre dans l’amphithéâtre d’honneur afin de débattre, au cours d’une réunion de crise, de l’avenir de l’école avec Nicolas Bourriaud et Thierry Jopeck, directeur adjoint administratif.

Aux termes d’une première réunion à l’ambiance électrique, le directeur a souscrit aux revendications des élèves, assurant « l’accès complet et l’intégrité des espaces de travail pendant les horaires réguliers d’ouverture de l’école » dans une lettre affichée à l’ENSBA le 8 octobre. Il a également approuvé qu’à l’exception des galeries, ouvertes aux élèves sur inscription mais également à la location, « les espaces de travail ne doivent plus être occupés ni réquisitionnés sous aucun prétexte d’ordre non pédagogique ou pour des événements privés. »

Quelques sujets faisaient cependant encore grincer les dents le 10 octobre, tel le devenir de l’atelier Vilmouth (du nom de l’artiste qui le supervise). Un appel d’offre a été lancé et un prestataire retenu pour la conception et la gestion d’un café-restaurant ouvert sur le quartier de Saint-Germain, à la place de ce que les élèves décrivent comme « le plus grand et le plus lumineux atelier de l’école. »

Après un vote à main levée des étudiants, du personnel et des professeurs - qui se sont opposés à l’unanimité à la suppression de l’atelier - le projet a été abandonné par le directeur, invité à développer avec les élèves un projet de cafétéria réservé aux étudiants, réclamée depuis plusieurs années.

Le directeur a rappelé l’importance de recevoir des fonds privés. La dotation de l’Etat de 7 millions ayant baissé de 500 000 euros en 2013, le directeur a marqué depuis 2011, année de sa prise de fonction, son engagement dans la recherche de partenariats, faisant, selon lui, passer les recettes commerciales de 2 à 3 millions d’euros.

L’utilisation des fonds de ces partenariats et mécénats a cependant été violemment critiquée par les élèves, qui ont notamment jugé « non prioritaire » la restauration de l’amphithéâtre d’honneur (classé Monument Historique comme le reste de l’édifice) qui n’accueillait jusqu’ici que quelques réunions de prestige par an. « Il pleut dans nos ateliers », scandaient les élèves ! « Cela devrait être une priorité ! »

Une fois réhabilité, l’amphithéâtre pourra accueillir des cours selon le directeur, tout comme des assemblées générales mensuelles, visant « à améliorer le dialogue » au sein de l’Ecole.

Le budget de l’école sera mobilisé par les travaux de mise aux normes d’accessibilité qui commenceront en janvier 2014. Un gros chantier qui s’étendra sur deux ans et demi.

Légendes photos

Nicolas Bourriaud et les élèves de l'ENSBA dans l’amphithéâtre d'honneur au cours de la réunion de crise du 7 octobre 2013, dans le fond à gauche : peinture murale de Paul Delaroche - © Photo Margot Boutgès

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