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L’authenticité de la tête supposée d’Henri IV est contestée

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 11 octobre 2013 - 542 mots

BASINGSTOKE (ROYAUME-UNI) - Une publication scientifique vient contredire les résultats d’expertises réalisées en 2010 sur les reliques de la tête supposée d’Henri IV et du mouchoir imprégné du sang de Louis XVI. Des comparaisons chromosomiques avec les héritiers vivants des Bourbons réfuteraient leur authenticité.

Les supposées reliques royales du premier et du dernier des rois bourbons divisent la communauté scientifique.

La revue scientifique European Journal of Human Genetics a publié mercredi 9 octobre une étude qui réfute l’authenticité de la tête attribuée en 2010 par une équipe de scientifiques à Henri IV, et par la même occasion celle du mouchoir imprégné du sang de Louis XVI qui avait été authentifié en décembre 2012.

Menée par le généticien belge Jean-Jacques Cassiman et l’historien français Philippe Delorme, cette nouvelle étude repose sur une analyse génétique comparative entre les fragments d’ADN prélevés sur les restes humains attribués aux rois, et trois descendants de cette branche des Bourbons, ayant pour ancêtre commun le fils d’Henri IV, Louis XIII, qui ont accepté de se soumettre aux tests des scientifiques.

Sur une lignée masculine, la similarité du chromosome Y est facilement identifiable puisqu’il se transmet de père en fils : si les chromosomes Y des trois descendants correspondent à ceux retrouvés sur les restes humains de leurs prétendus ancêtres, alors leur authenticité aurait dû être confirmée par les résultats du laboratoire. Or selon l’équipe de chercheurs, il n’en est rien. Le professeur Cassiman a affirmé catégoriquement à l’AFP « ce n’est pas le sang de Louis XVI », et ce n’est pas non plus la tête d’Henri IV, les profils génétiques ne correspondant pas à ceux des trois descendants des Bourbons.

L’équipe de scientifiques a poussé les analyses en comparant également l’ADN mitochondrial (la signature génétique transmise par les femmes à leur progéniture), ce qui a confirmé leurs conclusions.

En 2010, le docteur Philippe Charlier, médecin légiste à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, avait causé l’émoi en publiant les résultats d’une série d’études menées avec d’autres spécialistes sur la tête momifiée objet du présent litige. Grâce à des analyses radiographiques, une datation radiocarbone et des modélisations par rapport aux caractéristiques physiques connues du souverain, il affirmait que cette tête était bien celle du roi assassiné en 1610 et dont la tombe avait été profanée pendant les évènements révolutionnaires et le crâne emporté. Ce crâne correspondait de plus « en tous points » au moulage réalisé après son décès. Deux ans plus tard, les extraits d’ADN présents sur le mouchoir, et ceux retrouvés dans la gorge de la tête momifiée sont comparés et affiliés par une équipe de scientifiques italo-espagnole menée par Charles Laluez-Fox, confirmant leurs origines royales.

A cette nouvelle annonce qui ébranle une énième fois la communauté des historiens et des scientifiques, le professeur Charlier a répondu dans un communiqué que malgré tout « vingt-trois arguments morphologiques aussi bien anthropologiques qu’historiques ont été apportés », ce qui autorise une « identification de la tête comme appartenant à Henri IV au-delà de tout doute raisonnable. »

Il faut de plus selon lui garder en mémoire que tenter d’établir un arbre généalogique sur autant de générations est hasardeux, étant donné l’incertitude qui pèse sur la paternité en général, mais aussi sur celle de certains rois qui est historiquement contestée.

Légende photo

Tête momifiée d'Henri IV (1553-1610) retrouvée en 2008 dont l'authentification est remise en cause en 2013 par l'équipe de Jean-Jacques Cassimon de l'université de Louvain en Belgique - source Wikimedia

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