Monument

Philippe Bélaval propose de « Panthéoniser » uniquement des femmes pendant les années à venir

Par Amélie Du Fretay · lejournaldesarts.fr

Le 11 octobre 2013 - 630 mots

PARIS [11.10.13] - Pas de propositions de personnalités illustres dans le rapport de Philippe Bélaval sur le Panthéon mais plutôt des orientations qui permettraient de redonner visibilité et lisibilité à ce monument parisien. Parmi les mesures phares, choisir uniquement des femmes du XXe siècle durant le mandat de François Hollande.

Philippe Bélaval
Philippe Bélaval, Président du Centre des Monuments Nationaux
© CMN

Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux, a rendu public jeudi 10 octobre 2013 son rapport commandé en mai 2013 par François Hollande intitulé « Pour faire entrer le peuple au Panthéon ». Il l’a commenté succinctement lors de la conférence de presse tenue ce même jour à l’hôtel de Sully.

Malgré un débat public inédit alimenté par une enquête auprès des internautes sur les personnalités les plus à même de figurer au Panthéon, et une mobilisation des féministes autour de la place de la femme, la salle n’était pas comble devant la tribune du président du Centre des Monuments Nationaux, qui affichait néanmoins une parité toute d’actualité.

Philippe Bélaval a repris les grandes lignes de son rapport en prenant bien soin d’éviter de citer des noms de personnalités susceptibles d’entrer au Panthéon. Selon lui, le débat autour de la célébration des « illustres », qui pose aussi en filigrane la question de la place du Panthéon aujourd’hui, n’est pas vain ni passéiste. Il a bien sa place dans une société qui a plus que jamais besoin de se nourrir de grands modèles, et de s’y identifier. Partant du constat que le Panthéon souffre d’une image brouillée, notamment en raison d’une histoire mouvementée, il propose de la clarifier, et de lui redonner une place significative en tant que symbole des valeurs de la République.

Pour favoriser ce rapprochement avec le citoyen, il préconise de choisir des personnalités du XXe siècle admirables mais proches de tout-un-chacun, en évitant la grandiloquence et le spectaculaire, et de nommer uniquement des femmes dans les années à venir, par souci de parité. Deux femmes seulement ont été jusqu’à présent distinguées, la physicienne Marie Curie, et Sophie Berthelot. Il envisage de modifier symboliquement le décret du 26 mai 1885 afin d’affirmer que les femmes peuvent, tout comme les hommes, bénéficier des honneurs du Panthéon. Il souhaite cependant laisser une certaine souplesse dans les profils, pour multiplier les chances d’identification.

Afin de donner plus d’impact à la symbolique de la nomination et de redonner du sens au Panthéon, Philippe Bélaval préconise enfin de clarifier l’image du monument. D’une part, en ayant une véritable politique culturelle, tournée vers la jeunesse et les nouvelles technologies. D’autre part, en ancrant davantage ce monument dans la vie publique, par des cérémonies, des visites de présidents étrangers, et par des hommages aux grands hommes, actuellement réservés aux Invalides.

Selon lui, le public doit se réapproprier le site grâce à des outils de médiation et de documentation adaptés, notamment numériques, grâce à un meilleur accueil, et une meilleure communication. Il souhaite aussi donner de l’ampleur à la politique des expositions et poursuivre les chantiers de restauration. Il demande également à l’Etat et à la Ville de Paris de réfléchir à une meilleure valorisation du site, qui a besoin d’être replacé dans son cadre urbain, pourtant très dynamique, car proche du quartier latin.

François Hollande a maintenant toute liberté pour décider des suites à donner au rapport. Olympe de Gouges, plébiscitée par les internautes lors de l’enquête qui s’est terminée le 22 septembre 2013, figurera peut-être parmi les heureuses élues. La discussion reste cependant ouverte, et le choix vaste, puisque 200 places sont à honorer à l’avenir.

Pour désacraliser la portée de son étude, qui se garde bien de proposer des noms, Philippe Bélaval a clôturé sa conférence de presse avec humour : « Le destin des rapports administratifs n’est souvent pas de figurer au Panthéon, mais plutôt de finir au placard ».

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