Le retable d’Issenheim va trouver temporairement refuge dans l’église des dominicains de Colmar

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 31 juillet 2013 - 523 mots

COLMAR [31.07.13] – Alors que le Musée d’Unterlinden va bénéficier de travaux d’extension et de réaménagement réalisés par le cabinet d’architectes Herzog & de Meuron, le retable d’Issenheim va être déplacé de sa chapelle pour prendre place dans l’église du couvent des dominicains de Colmar.

Le Musée d’Unterlinden va s’agrandir et doubler sa superficie. Alors que l’ancien couvent des dominicains (qui abrite l’actuel musée) et les bains municipaux vont être réaménagés, le musée se dote d’un nouveau bâtiment en briques recouvert de cuivre qui s’étendra sur trois niveaux pour accueillir les collections modernes et contemporaines ainsi que les expositions temporaires, qui y trouveront l’espace adéquat. Ce projet d’envergure est réalisé par le cabinet d’architectes Herzog & de Meuron , et devrait être livré fin 2014.

La chapelle qui abrite le chef d’œuvre du musée, le retable d’Issenheim (1512-1516) peint par Matthias Grünewald (panneaux peints) et sculpté par Nicolas de Haguenau (partie sculptée), doit également bénéficier de travaux de réfection au niveau des murs, de la toiture et de sa charpente.

La société Schongauer (qui gère le musée), en concertation avec les services de l’Etat et la mairie de Colmar, a donc décidé de déplacer le retable hors les murs, pour l’installer dans l’église des dominicains 200 mètres plus loin. Le déplacement aura lieu à l’automne 2013.

Cette solution a été retenue au terme d’une étude de 18 mois sur les mesures de protection à prendre pour la bonne conservation de cette œuvre historique. « Les vibrations causées par les travaux, et les émissions de poussières qui peuvent générer des incendies présentent des risques trop importants, quand bien même le retable aurait été couvert d’une coque de protection », a indiqué au Journal des Arts la directrice du musée, Hélène Cascaro. « Consigner cette œuvre dans la chapelle en rénovation aurait de plus été une source de frustration pour les visiteurs qui n’auraient pas pu avoir accès à l’œuvre phare » du musée a-t-elle précisé.

Les analyses et relevés hydrométriques, doublés de l’étude complémentaire demandée par l’Etat à l’architecte en chef des monuments historiques Richard Duplat ont ainsi révélé que les conditions climatiques dans la chapelle et l’église étaient sensiblement identiques, et que la chapelle se trouvait donc être l’emplacement idéal pour le retable, à ceci près qu’elle ne pourra pas être chauffée cet hiver.

L’ensemble des intervenants est très satisfait de la solution qui a été trouvée. « L’intérêt pour nous et pour les visiteurs est que de cette façon nous restons sur le même territoire. C’est aussi l’occasion de s’ouvrir à d’autres publics qui ne visitent pas nécessairement le musée, et d’offrir une présentation inédite des œuvres de la collection ». En effet, le retable ne migre pas seul, puisque seront exposés dans le même lieu d’autres chefs-d’œuvre des contemporains de Grünewald tel que Martin Schongauer. Les visiteurs auront l’avantage de bénéficier d’un ticket d’entrée commun pour le musée et l’église, à un tarif inchangé.

Le retable fête ainsi son 500ème anniversaire dans l’église des dominicains, pour regagner ensuite une chapelle rénovée. Malgré son grand âge, il prendra également un coup de jeune avec sa restauration prévue pour 2015 au plus tard.

Légende photo

Matthias Grünewald (Mathis Gothart Nihart) (1475/1480 - 1528) - Retable d'Issenheim Saint Sébastien, Crucifixion, Saint Antoine - 1512-1516 - Tempera et huile sur panneau de tilleul - 330 x 590 cm - Musée Unterlinden - Colmar - © Photo vincent desjardins - 2008 - Licence CC BY-SA 2.0

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque