Disparition

L’artiste argentin Leon Ferrari est décédé

Par Anna Halter · lejournaldesarts.fr

Le 29 juillet 2013 - 459 mots

BUENOS AIRES (ARGENTINE) [29.07.13] – Leon Ferrari est décédé jeudi 25 juillet 2013 à Buenos Aires. Il était âgé de 92 ans. Connu en tant que sculpteur et artiste plasticien, il s’était fait un nom à l’international avec ses œuvres provocatrices à caractère politique.

Né à Buenos Aires en 1920 Leon Ferrari s’était avant tout exprimé à travers la sculpture qui était son support d’expression majeur. Dans les années 1950 Ferrari travailla à partir de matériaux divers : céramique, plâtre, ciment, bois puis le fer dans les années 1960. Sculptures et peintures de l’artiste se trouvaient aux limites de l’abstraction.

Le grand public connaît davantage l’artiste pour ses créations provocatrices et blasphématoires, usant d’images, d’objets et de symboles religieux.

En 1964 Ferrari intégrait un groupe d’artistes argentins d’avant garde, issus de l’université Torcuato Di Tella de Buenos Aires. Le discours de l’artiste s’était alors peu à peu durcit en s’engageant sur des questions politico- religieuses. La principale problématique de son travail questionnait les rapports entretenus par notre société contemporaine et la culture religieuse catholique.

« La religion a une grande influence sur notre culture, une influence néfaste. La religion est d'une intolérance extrême, qui se transmet à toute notre culture, sans oublier que les exterminations ont une origine religieuse », avait il déclaré à l'AFP en 2008.

De ce sujet de prédilection résultèrent des œuvres très polémiques telles que « La civilisation occidentale et chrétienne » qui avait fait scandale en 1965. En pleine guerre du Vietnam, l’artiste avait proposé cette œuvre pour le prix de l’Institut Torcuato Di Tella. Cette sculpture - assemblage représentant une figure du christ crucifié, fixé sur une réplique de bombardier américain, était une critique explicite de l’impérialisme des Etats-Unis et de la religion catholique. L’œuvre lui valut d’être écarté du concours. Son travail de militant anticlérical l’avait notamment mené au conflit en 2004 avec le cardinal de l’époque, Jorge Bergoglio aujourd’hui le pape François, lors de la rétrospective de l’artiste au Centre culturel de la Recoleta.

Malgré ses provocations anticléricales régulières (comme en témoigne la création du « Club des impies, hérétiques, apostats, blasphémateurs, athées, païens, agnostiques et infidèles ») Léon Ferrari était un artiste pacifiste et un humaniste. Le ton de ses œuvres n’était pas anodin, marqué par la culture catholique très prégnante en Argentine, mais aussi par les années de dictature durant lesquelles il perdu son fils et s’exila au Brésil.

León Ferrari a participé à la dernière biennale de São Paulo et celle du Mercosur à Porto Alegre. Il a obtenu le Lion d'or à la biennale de Venise en 2007 et a participé à la Documenta 2012. Le MoMA de New York l’avait mis à l’honneur en 2009 dans l’exposition «Tangled Alphabets» aux cotés de l'artiste brésilienne Mira Schendel.

Légende photo

Léon Ferrari (1920-2013) - © Photo Tecnópolis Argentina - 2011 - Licence CC BY-SA 2.0

Léon Ferrari (1920-2013) - La civilisation Occidentale et Chrétienne dit le La civilización occidental y cristiana (1965) - Technique Mixte - 200 x 120 x 60 cm- © Photo régine debatty - 2007 - Licence CC BY-SA 2.0

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