Une experte de Jean Metzinger condamnée à se désavouer

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 24 juillet 2013 - 384 mots

PARIS [24.07.13] – Bozena Nikiel, experte du peintre Jean Metzinger, condamnée en première instance pour avoir refusé de délivrer un certificat d’authenticité, se pourvoit en cassation après un arrêt d’appel confirmatif. Les juges ont suivi l’avis de l’expert généraliste désigné par la justice qui attribue l’œuvre au peintre, alors que la spécialiste en affirme l’impossibilité depuis 2005.

Bozena Nikiel, l’experte spécialiste du peintre Jean Metzinger, refuse d’abandonner la bataille qui s’est engagée autour de l’œuvre « Maison Blanche », qu’elle ne peut se résoudre à attribuer au peintre, comme le rapporte Next Libération .

Condamnée en première instance à délivrer le certificat d’authenticité et à dédommager le propriétaire de l’œuvre qui l’avait sollicitée pour certifier son attribution, Bozena Nikiel a fait ensuite appel. La Cour d’appel a confirmé le jugement, en aggravant la peine par une obligation de verser 30 000 euros si elle ne délivrait pas le certificat. Elle a décidé de faire entendre sa voix jusqu’au bout en se pourvoyant en cassation.

L’œuvre « Maison Blanche » a été présentée en 2005 à l’experte spécialiste du peintre par Laurent Alexandre, qui souhaitait vendre le tableau. La toile était signée Jean Metzinger et semblait s’insérer dans une série connue du peintre cubiste, qui représentait au début des années 20 des bâtisses entourées d’arbres dans un style qui rappelle les simplifications et aplats de Matisse. Mais la facture en était selon elle si mauvaise qu’elle traduisait une « maladresse puérile » qui ne correspond en rien à ce qu’il aurait pu faire « en pleine possession de ses moyens ». Tous les spécialistes s’accorderaient sur le fait que la toile est médiocre.

Malgré cela, l’expert désigné par la justice, M. Perazzone, considère que l’œuvre est bel et bien de la main du peintre, au regard des preuves fournies par le propriétaire du tableau (provenance et étiquette sur le châssis). Il reconnaît qu’il existe incontestablement des « faiblesses manifestes » au niveau de la composition de l’œuvre mais indique que « les artistes ont des bons et mauvais jours » et que les spécialistes oublient trop souvent qu’il est tout à fait possible qu’un peintre confirmé produise une toile de piètre qualité.

La spécialiste n’en démord pas et confie à Next Libération : « personne ne peut me faire aller contre ma conviction intime ».

Légende photo

Jean Metzinger - 1913 - Source Wikipedia

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