Musée

Un ancien employé du Met affirme que la rémunération des caissiers repose en partie sur les entrées payantes

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 10 juillet 2013 - 674 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [10.07.13] - Poursuivi en justice pour manque de transparence de sa politique de gratuité d’admission, le Metropolitan Museum (Met) est en difficulté après la déclaration d’un de ses anciens employés qui l’accuse d’encourager les caissiers à tromper les visiteurs sur le prix d’admission du musée.

The Metropolitan Museum of Art
The Metropolitan Museum of Art
Photo Charles16e, 2007

Les charges contre le Met s’aggravent avec une déclaration sous serment d’un de ses anciens employés qui dénonce les pratiques du musée, rapporte Bloomberg. Cette déclaration enregistrée fin juin par la Cour Suprême de New York dans le cadre de la procédure judiciaire engagé contre le Met, affirme que les caissiers sont rémunérés en partie sur leur recette de la journée, c’est à dire en fonction du nombre de visiteurs qu’ils font payer à l’entrée. Elle révèle également que les managers exigent des employés qu’ils n’informent pas les visiteurs que le droit d’entrée s’obtient en retour d’une donation, aussi minime soit-elle, afin de mieux les faire payer le prix recommandé de 25 dollars.

En mars 2013, le Met a été poursuivi en justice par des visiteurs et un ancien employé, qui se sont réunis pour former une « class-action » (une poursuite par un groupe de consommateurs représenté par quelques personnes, ayant subi un même préjudice). Ils font grief au Met de manquer de transparence sur leur politique d’admission, et de tromper le consommateur en détournant les outils de communication et de signalétique afin qu’ils puissent croire que la recommandation de don de 25 dollars est obligatoire, alors que le musée autorise l’admission même pour un montant de 1 centime. Ils estiment que ces pratiques « illégales et trompeuses » coûtent chaque année aux consommateurs des dizaines de millions de dollars.

Les plaignants fondent leur action sur une loi fédérale de 1893 qui régit selon eux la gestion du Met. Elle requiert que le musée soit ouvert gratuitement cinq jours par semaine, en échange de l’usufruit du bâtiment qu’il occupe gracieusement depuis 1880. Le Met lui, a produit durant l’audience des documents indiquant qu’en 1970, la ville de New York a renoncé à la disposition prévoyant la gratuité de l’admission, sans pour autant amender formellement le contrat original. Ainsi depuis, n’importe quel visiteur peut « payer ce qu’il veut, mais il doit payer quelque chose » selon les avocats du musée. Cependant aucun texte contraignant n’est venu modifier la loi de 1893, qui dès lors est toujours en vigueur.

Les plaignants considèrent que si le musée ne contrevient pas à la loi ouvertement, les signes, les cordons d’accès et les caisses laissent penser que les visiteurs doivent payer leur entrée. Il est nul part précisé que l’admission est gratuite la plupart du temps. Un panneau à l’entrée principale indiquerait un prix d’admission de 25 dollars présenté en caractères gras, alors que le mot « recommandé » serait minuscule. Ces pratiques trompeuses envahiraient même Internet déclarent-ils, où sont proposés la vente en ligne de tickets au prix recommandé. Ils affirment également que les caissiers sont formés pour embarrasser et faire pression sur les visiteurs afin qu’ils paient leur entrée.

S’exprimant à propos des propos tenus par l’ancien employé sur la formation et la rémunération des équipes, Harold Holzer, vice-président senior pour les affaires publiques, les a fermement contestés et a expliqué que « le musée surveille les chiffres des caissiers à cause des commissaires aux comptes qui l’exigent », et que « cela n’a rien à voir avec une évaluation de la performance et des salaires ».

En 2012, les 6,28 millions de personnes qui ont visité le musée lui ont coûté 40 dollars par tête, ce qui équivaut à un total de 251,2 millions de dollars en un an. Or, dans le même temps, les recettes engendrées grâce au prix d’admission n’atteignent pas les 40 millions de dollars. C’est en se basant sur cet argument du manque de recettes dû à l’admission gratuite, mais aussi au déclin des financements par la ville, et à la hausse du coût des opérations que le Met défend cette politique qui conduirait à la confusion chez les visiteurs et touristes.

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