Vandalisme

Graffiti de Louxor : l’indiscipline des touristes chinois

Par Sarah Barry · lejournaldesarts.fr

Le 30 mai 2013 - 549 mots

LOUXOR (ÉGYPTE) [30.05.13] – Après un acte de vandalisme commis par un adolescent chinois dans un célèbre temple de Louxor, un vif débat anime le Pays du Milieu quant à la conduite arrogante des touristes chinois, toujours plus nombreux à l’étranger.

Lors d’un séjour touristique en Égypte, un Chinois de 15 ans s’en est pris à un bas-relief vieux de 3400 ans dans le temple d’Amon, au sein de l’ancienne cité pharaonique de Thèbes. Couvrant le tronc d’une représentation du dieu, le graffiti, probablement gravé avec une clé, signifie : « Ding Jinhao a visité cet endroit ». Le sanctuaire, commandé par le pharaon Amenhotep III (env. 1391-1352 avant J.-C.), avait été restauré mille ans plus tard par Alexandre le Grand.

Pris en photo et mis en ligne par un autre touriste chinois sur le réseau social Weibo (le plus visité de Chine et équivalent de Twitter), le graffiti a suscité l’indignation des internautes, qui se sont lancés dans une véritable chasse à l’homme, afin de retrouver celui qui avait « fait perdre la face à la nation chinoise », pour reprendre l’un des 100 000 commentateurs du sacrilège.

Originaires de la ville de Nankin, capitale de la province du Jiangsu, les parents de l’adolescent ont été identifiés et ont présenté leurs excuses dans la presse locale. Le bas-relief quant à lui a déjà été restauré, les dégâts n’étant que très superficiels.

La Chine pratique un tourisme de masse, qui a connu une ascension spectaculaire ces dernières années : 83 millions de Chinois sont partis en vacances à l’étranger en 2012, alors qu’ils n’étaient que 10 millions en 2000. Comme le rapporte une étude publiée sur le site Veille Info Tourisme, animé par le ministère du Tourisme, la Chine est le premier marché émetteur de tourisme de la planète et devrait envoyer 100 millions de voyageurs par an à travers le monde d’ici 2020.

Au centre de ce phénomène, le développement de la classe moyenne supérieure. Le tourisme international représente un luxe que seuls les Chinois aisés, comme les parents de Ding Jinhao, peuvent s’offrir. Ces nouveaux riches, qui bénéficient de nombreux privilèges, sont de plus en plus pointés du doigt au sein de la société chinoise pour leur suffisance et leur impolitesse. Ils sont également accusés de salir l’image du pays à l’étranger par des comportements irrespectueux que Wang Yang, l’un des quatre vice-Premiers ministres chinois, avait stigmatisés ainsi à la mi-mai : « parler trop fort dans des lieux publics, traverser hors des clous, cracher, ou graver des caractères chinois dans des sites touristiques ».

Le gouvernement chinois travaille depuis plusieurs années à des campagnes de sensibilisation, visant à éduquer ses citoyens. Les normes éthiques mises en avant visent avant tout à faire disparaître les mœurs les plus décriées par les pays d’accueil, surtout sur les sites touristiques : comportement bruyant, détritus abandonnés n’importe où, utilisation malpropre des sanitaires, crachats sur le sol, files d’attente coupées, noms gravés sur les monuments.

L’affaire Ding Jinhao, qui sert déjà d’exemple, a trouvé un écho le 28 mai 2013 dans la rédaction par le gouvernement chinois d’une convention sur le tourisme civilisé. « Être un touriste civilisé est le devoir de tout citoyen », indique le document, qui détaille les règles relatives à « la protection des vestiges culturels ».

Légende photo

Le graffiti du jeune touriste chinois - source www.weibo.com

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