Art impressionniste et moderne de New York : des résultats au-dessus de la fourchette basse

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 10 mai 2013 - 693 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [10.05.13] - Même si on est loin de l’engouement suscité en mai 2012 par la vente d'une des versions du Cri de Munch (119,92 millions de dollars), avec 388 millions de dollars au total, les ventes d’art impressionniste et moderne de Christie’s et Sotheby’s New York ont dépassé l’estimation basse de 302 millions de dollars.

Il fallait s’y attendre, le Cri n’a pas été détrôné lors de deux sessions du soir des grandes ventes de New York d’art impressionniste et moderne. De sorte que le score de mai 2012 (447 millions de dollars) n’a pu être dépassé : 388 millions de dollars cette année. Les Pommes, peintes en 1890 par Paul Cézanne, l’œuvre phare de la vente de Sotheby's, a été la vedette de cette session printanière. Elle s’est envolée à 37 millions de dollars hors frais, pour une estimation de départ de 25 à 35 millions de dollars. Acquise par un enchérisseur anonyme au téléphone, elle a échappé au marchand d’art Stéphane Connery. Le précédent record pour un Cézanne date de 1999 avec Rideau, cruchon et compotier, vendu pour 80 millions de dollars (valeur 2013). Le Portrait de la baronne Marguerite de Hasse de Villers peint en 1909 par Amedeo Modigliani, une œuvre de jeunesse de l’artiste, quand il cherchait encore son style, a été adjugée 23 millions de dollars au prix marteau, dans sa fourchette d’estimation (20 à 30 millions de dollars). Quant à George Braque, son Paysage à la Ciotat, un témoin rare du travail fauve de l’artiste, s’est vendu 14,4 millions de dollars, après une âpre bataille entre plusieurs enchérisseurs. Si lui aussi est resté dans sa fourchette d'estimation (10 à 15 millions dollars), en revanche, c’est une enchère record pour l’artiste, dont la cote n’a cessé de grimper depuis 2000 puisqu’il se vendait 5 fois moins cher à l’époque. Rodin continue à attirer les acheteurs puisqu’une édition du Penseur, a été adjugée à 15 millions de dollars (estimation 8 à 12 millions) tandis qu’une sculpture de métal peint de Pablo Picasso, "Sylvette", a été acquise 13,6 millions de dollars (estimation 12 à 18 millions) par l’homme d’affaires new yorkais Donald Bryant Jr. Toutes les sculptures n’ont pas eu le même succès puisqu’un autre bronze d’Auguste Rodin, Le Baiser (3e réduction), et Liseuse d’Auguste Renoir sont restés invendus.

Du côté de Christie’s, l’estimation de départ (140 millions de dollars hors frais) est presque atteinte puisque 137,5 millions de dollars hors frais (158 millions de dollars frais compris) ont été obtenus, soit une progression d’environ 20 % par rapport à mai 2012, qui fut cependant une mauvaise année pour la maison de vente. Le rythme de vente a été soutenu puisque 94 % des lots ont été vendus. Mais elle reste loin de sa rivale Sotheby’s qui obtient 72 millions de dollars de plus qu’elle. L’enchère la plus haute est allée au Petit pâtissier de Chaïm Soutine qui a été adjugé 16 millions hors frais (18 millions de dollars frais compris) pour une estimation de 16 à 22 millions de dollars). Elle ne périme cependant pas L’Homme au foulard rouge, vendu 17 millions de dollars en 2007 (soit 19 millions dollars constants). Peint vers 1927 et issu d’une série de 6, c’est l’un des sujets les plus emblématiques de Soutine qui aimait représenter les gens modestes. Les Trois acrobates, peint en 1926 par Marc Chagall arrivent en deuxième position avec une adjudication à 13 millions de dollars. L’univers du cirque, un de ses thèmes de prédilection de l’artiste, l’a toujours fasciné. Une autre œuvre a marqué la soirée : Selbstbildnis mit Modell, d’Egon Schiele, se représentant avec sa compagne Wally, a été acquise par un couple de collectionneurs européen présents dans la salle à 11 millions de dollars contre une estimation de départ de 5 à 7 millions de dollars. Mais la plus grosse déception de cette session new yorkaise, pourtant très attendue et annoncée comme le lot phare de la vente de Christie’s, concerne Madame Matisse au kimono d’André Derain (1905) qui n’a pas trouvé preneur, ni même un seul enchérisseur. Les estimations étaient il est vrai très élevées : 15 à 20 millions de dollars.

Légende photo

Paul Cézanne (1839-1906) - Rideau, Cruchon et Compotier (1893-1894) - Huile sur toile - 60 x 73 cm - source Wikipedia

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