La vente de BD d’Artcurial atteint 2,4 millions et couronne Enki Bilal

Par Éléonore Thery · lejournaldesarts.fr

Le 25 février 2013 - 734 mots

PARIS [25.02.13] - La vente de BD organisée chez Artcurial ce samedi 23 février prouve la bonne santé du secteur, en annonçant un résultat de 2,4 millions d’euros. Avec Enki Bilal en star, l’événement a récompensé les très belles pièces, au détriment des prix moyens.

La vente de BD de ce samedi 23 février promettait beaucoup avec ses 450 œuvres des plus grands du 9e art, confondant créateurs historiques franco-belge, auteurs français confirmés, jeune génération mais aussi bande dessinée américaine, le tout pour une estimation totale de 2 millions d’euros (hors frais).

L’événement affiche un résultat plus qu’honorable de 2,4 millions d’euros frais compris, cinq heures d’enchères âprement disputées, quelques records et 75 % de lots vendus. Premier constat : l’engouement pour la BD et les planches originales est toujours intact. Star incontestée de la vente, Enki Bilal conforte sa place d’artiste vivant de la BD le plus cher du monde. Preuve en est, l’enchère de 135 000 euros hors frais (est. 60 000-90 000) pour la peinture grand format Chess Boxers with black horses. « L’estimation prudente a créé l’engouement, l’acheteur a enchéri au téléphone » explique François Tajan qui tenait le marteau lors de la vente. Même succès pour la Partie de chasse de l’artiste, partie à 46 500 euros hors frais.

D’autres têtes d’affiche des revues Métal Hurlant ou Pilote ont également très bien tiré leur épingle du jeu. Ainsi, Tardi décroche un record absolu pour son acrylique de couleur estimée 20 000 à 25 000 euros et partie à 50 000 euros au marteau. François Schuitten signe également un record avec son affiche pour l’édition 2006 du festival Wallonie, vendue 44 000 euros pour une estimation de 15 000 à 18 000 euros. L’homme au poing d’acier de Jean Giraud décroche encore un nouveau record pour une de ses couvertures, qui a trouvé acquéreur sur internet à 82 000 euros.

Du côté de la BD franco-belge, les chiffres sont bons mais n’ont pas dépassé les cotes. Pour Franquin, très bien représenté, la planche destinée à l’album de Spirou QRN sur Bretzelburg, (est. 100 000-150 000) est partie à 110 000 euros tandis que celle de Panade à Champignac a presque doublé son estimation avec 70 000 euros au marteau. Quant à Hergé, habitué à survoler les ventes, sa case des 7 boules de cristal s’est bien vendue à 21 000 euros (est. 12 000 à 17 0000 euros) tandis que l’illustration pour le restaurant La cravache d’or a été adjugée plutôt dans la fourchette basse de l’estimation (60 000 à 80 000) à 67 000 euros hors frais. Chez Uderzo, la planche finale du Combat des chefs a doublé son estimation basse avec un prix au marteau de 84 000 euros.

Un marché très sélectif
Mais ces chiffres ne doivent pas masquer quelques déceptions pour Artcurial, leader incontesté sur le marché du 9e art, qui avait habitué à des chiffres élevés. La maison a annoncé 12 millions de chiffre d’affaires pour ce secteur en 2012, soit une hausse de 82 % par rapport à l’année précédente, et un record mondial pour une œuvre de BD avec une planche de Tintin en Amérique partie à 1,3 million d’euros frais compris le 2 juin dernier.

Parmi les déceptions de la vente, Peyo, dont le flop le plus flagrant a été une encre de chine pour Johan et Pirlouit, qui n’a pas trouvé meilleure enchère que 38 000 euros pour une estimation de 55 000 à 75 000 euros. La BD américaine n’a pas toujours trouvé un écho très favorable malgré de belles oeuvres : ainsi de Crumb, Schultz et d’autres. Globalement, si certaines très belles pièces ont largement dépassé les estimations, un certain nombre de planches moyennes se sont mal ou pas vendues. « Ce phénomène est normal en temps de crise, nous sommes dans un marché très sélectif » commente François Tajan. Quant aux acheteurs – très majoritairement des hommes –, « Ils étaient moins nombreux que d’habitude en salle » précise le commissaire priseur. En revanche, 20 % des enchères se sont déroulées sur Internet via le Live Bid, alors que la moyenne tourne plutôt à 5 %, tandis que le téléphone a également capté 20 % des ventes. Quoiqu’il en soit, « le public reste composé d’ultra passionnés, et non d’investisseurs » poursuit le commissaire. Prochain rendez-vous avec les bulles le 6 avril prochain pour une vente consacrée à Hergé.

Légende photo

Bilal Enki (né en 1951) - CHESS-BOXERS WITH BLACK HORSE - Acrylique de couleur et pastel gras sur toile - 140 x 102,5 cm - Signée et datée « 13 » - Encadrée - Estimation 60 000 / 90 000 € - Adjugé 135 0000 € (hors frais)

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