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Le visage supposé de « L’Origine du monde » enflamme les médias

Par Stefan Cornic · lejournaldesarts.fr

Le 8 février 2013 - 478 mots

PARIS [08.02.13] - Dès la parution de Paris Match annonçant en « exclusivité mondiale » avoir identifié un portrait peint pouvant être le visage de « L’Origine du monde » de Courbet, la planète médiatique s’est emballée.

« Révélation » pour certains, « foutaise » pour les autres, il est certain qu’une « découverte » concernant une œuvre aussi célèbre que L’Origine du monde ne laisse pas indifférent. Du Figaro à la météo de Canal , en passant par France Culture et les chaines info, tous les médias ou presque ont relayé cette information. Il est vrai que depuis que le tableau est connu du grand public, très récemment en fait (1995), nombreux sont ceux qui aimeraient connaître le visage de celle qui exhibe ainsi son anatomie en toute impudeur.

Soutenu par l’expert Jean-Jacques Fernier, un passionné d’art demeuré anonyme affirme qu’il a bel et bien trouvé la partie du tableau représentant le visage de Jo Hiffernan, modèle du peintre, dont le sexe féminin serait celui offert au regard du spectateur dans L’Origine du monde. Le portrait de 33 cm sur 41 cm représentant la tête renversée d'une femme brune qui semble s'abandonner au plaisir a été acheté par cet amateur d’art en 2010 pour 1 400 euros chez un antiquaire parisien.

Pour Jean-Jacques Fernier, qui souhaite inclure le portrait au tome III du catalogue raisonné de Gustave Courbet en préparation sous son autorité (parfois contestée), de nombreux indices probants corroboreraient la théorie d’une seule et même œuvre. Le cachet du marchand de couleurs Deforge-Carpentier trouvé au dos du portrait de la toile permet de dater approximativement le tableau. En outre, la toile utiliserait le même tissu que celui de L’Origine du monde. Enfin, le portrait coupé de manière inhabituelle serait la preuve que celui-ci aurait fait partie d’une composition plus large.

Le marchand et expert Hubert Duchemin, connu pour de fameuses identifications et réattributions, a quant à lui très vite réagi dans une interview donnée au Figaro, et dans laquelle il déclare que « rien de ce [qu’il a] lu ne prouve que la toile de L’Origine du monde ait été découpée une fois peinte. Que ce soit le même tissu, c’est possible, mais il était fabriqué par rouleaux et beaucoup de peintres ont pu se servir de ce matériau. Idem pour les pigments ».

De nombreux autres spécialistes et commentateurs restent très dubitatifs face à cette annonce. La conservatrice du Musée Courbet à Ornans (Doubs), Frédérique Thomas-Morin, a également affiché son scepticisme : « L’Origine du monde a toujours été décrite par les critiques de l’époque de Courbet comme une femme sans tête ni jambes ».

Le Musée d’Orsay, interrogé par l’AFP et qui possède L’Origine du monde depuis 1995 ne souhaite pas commenter cette information pour le moment, « soulignant que les conservateurs du musée ont un devoir de réserve s’agissant d’œuvres en mains privées ».

Légende photo

Gustave Courbet (1819-1877) - L'Origine du monde (1866) - Huile sur toile - 46 x 55 cm - Source photo Wikimedia - Collection Musée d'Orsay

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