Ventes aux enchères

Christie’s et Sotheby’s New York très confiantes pour leurs ventes de tableaux anciens

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 25 janvier 2013 - 901 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [25.01.13] – A elles deux, Christie’s et Sotheby’s ambitionnent de réaliser un chiffre d’affaires de 167 millions de dollars (estimation basse hors frais) lors de leurs grandes ventes de tableaux anciens du 24 janvier au 2 février. Elles comptent ainsi dépasser les 96 millions de dollars récoltés en 2012.

Pourquoi Christie’s et Sotheby’s New York sont-elles si confiantes pour leurs ventes de peinture ancienne ? Au regard des catalogues, les prix paraissent pourtant élevés. Mais pour Eric Turquin, expert en tableaux anciens à Paris, « même si ces prix sont assez élevés, ce n’est pas aberrant. Il y a de véritables chefs-d’œuvre. Sur plusieurs tableaux, ça va être l’occasion de tester le marché. Et puis, il faut attirer les vendeurs dans ce marché très concurrentiel ».

Le 31 janvier et le 1er février, Sotheby’s organise son importante vente de peinture ancienne en 412 lots pour une estimation basse de 73 millions de dollars. « Cette année, il y a une vraie variété, toutes les écoles sont bien représentées », affirme François de Poortere, spécialiste de la maison de vente. Plusieurs œuvres de l’école romaine sont présentes, avec en tête cette grande huile sur toile de Pompeo Batoni, Suzanne et les Vieillards, peinte en 1751 pour le Comte Ernst Guido von Harrach de Vienne, un des plus grands collectionneurs de l’époque. Son sens de la couleur et de la composition, très moderniste, donne à ce tableau un impact visuel étonnant. Estimé 6 à 9 millions de dollars, « c’est un prix qu’on a jamais vu pour cet artiste mais c’est un prix justifié. C’est un tableau spectaculaire, prenant. C’est audacieux mais c’est faisable », commente Eric Turquin. Un touchant portrait, peut-être même le dernier, réalisé par Francisco José de Goya de son petit-fils, Mariano Goya, et qui provient de la succession de l’armateur grec Georges Embiricos, est estimé 6 à 8 millions de dollars. L’école anglaise figure aussi au menu, notamment avec Joseph Mallord William Turner et son aquarelle, Vue d’Heidelberg avec un arc-en-ciel, 1840. Passée en vente en 2001 chez Sotheby’s Londres, elle avait fait plus de 2 millions de livres, record mondial à l’époque. Mais les aquarelles de Turner ont connu une ascension fulgurante et aujourd’hui, elle est estimée 4 à 6 millions de dollars.

L’école flamande, est représentée par un des lots les plus extraordinaires, parce-que rarissime : une huile sur panneau de Hans Memling, Le Christ bénissant, acheté à Drouot en 1859 et resté dans la même famille pendant 150 ans. « C’est une redécouverte puisque l’attribution s’était perdue. C’est une œuvre inconnue de la littérature », souligne François de Poortere. L’estimation, ici, est prudente (1 à 1,5 million de dollars) mais un record mondial est attendu pour l’artiste.

Quant à la mise en vente les 29 et 30 janvier de la collection Giancarlo Baroni, marchand de tableaux anciens très actif à Paris dans les années 60 à 80, « c’est très touchant car c’est l’occasion de découvrir des tableaux qu’il avait gardés pour lui ! » retient Eric Turquin. On notera parmi les œuvres de Panini, Tiepolo, Boldini… une œuvre de jeunesse du Greco, Mise au tombeau, estimée raisonnablement 1 à 1,5 million de dollars.

Comprenant environ 400 lots répartis sur 5 ventes, pour une estimation totale de 75 à 113,5 millions de dollars (alors que Sotheby’s en attend entre 92 et 135), les vacations de Christie’s font la part belle aux grands Maîtres italiens et aux redécouvertes. Dans sa vente « Renaissance » qui aura lieu le 30 janvier, composée de 52 lots pour une estimation basse de 43 millions de dollars, figure le lot le plus chèrement estimé de la semaine, Portrait d’un jeune homme avec un livre, d’Agnolo Bronzino, estimé 12 à 18 millions de dollars. Récemment redécouvert, ce portrait est l’un des premiers de Bronzino, encore très dépendant stylistiquement de son maître, Jacopo Pontormo. Parmi ces peintures italiennes figurent aussi une Vierge et l’Enfant accompagnés du jeune Saint Jean Baptiste, de Sandro Botticelli, avec une provenance prestigieuse puisque cette œuvre a appartenu pendant environ 50 ans à la famille Rockefeller (est. 5 à 7 millions de dollars) et un exquis tondo avec son cadre d’origine, de la Vierge et l’Enfant de Fra Bartolommeo (est. 10 à 15 millions de dollars). Dans sa première partie, limitée à 43 lots pour une estimation comprise entre 19 et 30 millions de dollars, une majestueuse Annonciation, récemment redécouverte, d’Annibale Carrache a créé « une certaine agitation », d’après Ann Guite, chef du département de peintures anciennes à New York : « les érudits, conservateurs de musées, collectionneurs privés qui ont vu cette Annonciation ont été très enthousiasmés par cette redécouverte. Les œuvre majeures d’Annibale Carrache sont très rares sur le marché » ; deux vues monumentales des plus célèbres de Rome par Giovanni Paolo Panini, jamais passées en vente, Vue du Capitole, Rome (est. 3 à 5 millions de dollars) et Vue de la Place Saint Pierre, Rome (est. 2 à 3 millions de dollars).

Mais le lot culminant de cette vacation, français cette fois, et pour lequel Christie’s attend un record mondial pour l’artiste est La Brodeuse, vers 1733, du peintre Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), annoncé 3 à 5 millions de dollars. Avec son pendant, le Jeune dessinateur, c’est l’une des compositions les plus populaire qu’il a réalisé, ce qui explique son estimation élevée au vu de ses petites dimensions (19 x 16,5 cm).

Légende photo

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - La Brodeuse (vers 1733) - Huile sur toile - 19 x 16,5 cm - vente du 30 janvier 2013 chez Christie's New York - Estimation 3 / 5.000.000 $ - Photo www.christies.com

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