Justice

Ne pas confondre les PREM avec les LOVE de Robert Indiana

Par Romain Bouvet · lejournaldesarts.fr

Le 22 janvier 2013 - 570 mots

NEW YORK (ÉTATS-UNIS) [22.01.13] – Les sculptures PREM (amour en hindi) qui s’inspirent de ses mythiques LOVE ne sont pas l’œuvre de Robert Indiana. Il aura fallu plusieurs années de conflits juridiques pour que la justice tranche en faveur de l’artiste américain.

Depuis sa création en 1964, la sculpture LOVE de Robert Indiana a fait couler beaucoup d’encre. Elle est cependant en passe d’être détrônée par une concurrente, une « cousine » pourrait-on dire, qui, à défaut de remplir les pages de la presse artistique, n’en finit pas de réapparaitre dans les pages judiciaires. Les sculptures PREM (LOVE en hindi) réalisées par John Gilbert, artiste basé en Inde et ancien collaborateur de Robert Indiana, sont en effet la cause de différents litiges depuis plusieurs années.

En 2008, le collectionneur monégasque Joao Tovar acquiert par le biais de John Gilbert, 10 sculptures PREM pour 481 000 dollars. Malgré le fait que le certificat d’authenticité ait été produit par Gilbert, Tovar pense alors acheter des œuvres conçues par Robert Indiana. Il en veut pour preuve l’inscription « pour Tovar », un rajout manuscrit de Robert Indiana inscrit sur le document.

Mais en 2009, alors que Christie’s s’apprête à présenter à la vente les sculptures du collectionneur Tovar – estimées entretemps à 1,5 million de dollars du fait de leur attribution présumée – le bruit commence à courir que les œuvres ne seraient pas de la main de Robert Indiana. Dans une lettre qu’il envoie à cette époque au marchand d’art new-yorkais Simon Salama-Caro, l’artiste affirme en effet que les sculptures de Tovar ont été réalisées par Gilbert et sans permission, une affirmation qu’il a réitérée de nombreuses fois depuis.

S’ensuit d’abord un conflit judiciaire entre Indiana et Gilbert, où le premier accuse le second de produire des imitations illégales de ses œuvres. Gilbert assurait en revanche que le sculpteur pop avait signé en août 2007 un accord l’autorisant à réemployer la stylisation du logo iconique de LOVE en faisant usage de la traduction PREM. Gilbert avait également ajouté que Robert Indiana avait touché un pourcentage (de l’ordre de 100 000 dollars) sur la vente des PREM, ce qu’il avait ensuite infirmé.

Le tribunal fédéral de New York avait fini par donner raison à Robert Indiana, considérant que Gilbert avait tenté de forcer l’octogénaire à reconnaître la paternité d’une œuvre dont il n’était pas l’auteur, et que l’accord conclu en 2007 prévoyait la conception de sculptures PREM en utilisant des caractères sanskrits et non – comme c’est le cas des sculptures achetées par Tovar - l’alphabet latin.

Puis, en 2012, c’est au tour de Joao Tovar de porter plainte contre Robert Indiana. Mis en confiance par la « signature » apposée par l’artiste sur le certificat, Tovar accusait Indiana d’avoir, par ses révélations, fait s’effondrer la côte des sculptures PREM qui ne valaient désormais « guère plus que les matériaux à partir desquels elles ont été faites ». Si l’artiste a admis être l’auteur de l’inscription « pour Tovar » qui figure sur le document, il a cependant précisé qu’il ne s’agissait que d’une dédicace faite au collectionneur et non d’une signature.

Jeudi 17 janvier 2013, en se basant sur ce témoignage et en rappelant que les caractères latins qui composaient les PREM prouvaient qu’il ne s’agissait pas d’une œuvre d’Indiana, la Southern District Court of New York a finalement tranché en faveur de l’artiste pop, mettant ainsi un point final à l’affaire.

Légende photo

Robert Indiana devant sa sculpture Prem (Love en Hindi) en caractères sanskrits (et non en caractères latin comme celles de John Gilbert) - source Galerie Ferrero - Nice

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