Ventes aux enchères

Le marché de l’art d’Asie se porte bien en France

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 21 décembre 2012 - 1192 mots

PARIS

PARIS [21.12.12] – Les grandes maisons de vente parisiennes proposaient leur deuxième vente de l’année sur le thème de l’Art d’Asie. Des résultats, près de 34 millions d’euros, qui reflètent un marché asiatique fort et plein de promesses.

Les résultats obtenus en décembre 2012 prouvent que le marché de l'art asiatique est capable d’attirer beaucoup d'enchérisseurs prêts à se disputer les pièces exceptionnelles de grande qualité, inédites sur le marché ou avec une provenance ancienne.

C’est le cas pour Christie’s France, grande gagnante de la semaine avec un résultat record de 18,5 millions d’euros frais compris pour une estimation basse de 3 millions d’euros (et 7 millions d’euros en juin 2012). Sur les 220 lots proposés à la vente, 162 sont partis, avec une forte mobilisation de la part des collectionneurs asiatiques (68 %) mais aussi européens (23 %). Le département Art d’Asie de la maison de vente enregistre aussi un autre record : celui de la meilleure adjudication pour une œuvre asiatique vendue en France en 2012 avec 9 millions d’euros frais compris (est. 200 à 300 000 euros) pour une rare et importante sculpture de Guanyin en bois de la Chine du Nord (XIIIe siècle), très bien conservée.

C’est la célèbre galerie Giuseppe Eskenazi qui s’est portée acquéreur après une longue bataille d’enchères contre un client au téléphone. Deuxième enchère la plus élevée de la vente, la paire de vases Hu chinois en porcelaine émaillée imitant le bronze, dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795) s’est envolée à 1,07 million d’euros frais compris (est. 100 à 150 000 euros). Quant aux objets issus de la collection de la baronne Marie-Louise von Callenberg (1901-1982), ils ont rencontré un franc succès, totalisant 1,9 million d’euros. Parmi eux, la coupe en jade céladon sculptée de style Moghol, estimée 40 à 60 000 euros, a accompli une belle performance en multipliant son estimation haute par 16, atteignant ainsi 961 000 euros avec les frais.

C’est en réalité Auction Art qui avait ouvert le bal le dimanche 16 décembre. Le produit total de cette vente s’est élevé à 921 000 euros frais compris (contre 552 000 euros en juin) pour une estimation basse de 550 000 euros. Sur les 283 lots qui étaient proposés, 179 ont trouvé preneur. L’enchère la plus élevée a été remportée par une très belle table chinoise à dérouler les rouleaux en laque à décor de phénix d’époque Ming. Estimée 20 à 30 000 euros, elle a été adjugée au téléphone 167 000 euros frais compris par un acheteur européen. Tout aussi remarquée, la coupe en corne de rhinocéros sculptée de personnages a été vendue pour 149 000 euros (est. 50 à 70 000 euros). Quant au lot qui constituait l’estimation la plus forte (100 à 150 000 euros), l’ensemble de 7 papiers peints à décor de personnages fabriquant de la soie, travaillant le riz, peignant des porcelaines…, 118 000 euros ont été atteints. A l’origine, ce type de panneaux était fait pour l’export et n’intéressent pas les chinois. Comme le confirme Olivier Valmier, commissaire-priseur, « les chinois n’achètent que les objets faits pour la Chine, ils les rapatrient ». Il est donc normal que l’acquéreur soit un européen.

La deuxième vacation de cette semaine asiatique était organisée par Artcurial lundi 17 décembre. Regroupant 286 lots dont 54 invendus, l’estimation basse (850 000 euros hors frais) a été multipliée par quatre puisque la vente a totalisé 3,4 millions d’euros frais compris. Au cœur de cette vente, un cachet impérial chinois, en jade vert épinard sculpté de la dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795). Estimé 150 à 200 000 euros, il s’est envolé à 1,2 million d’euros frais compris, malgré la polémique. En effet, la mise aux enchères de ce cachet a failli ne pas avoir lieu. L’Association pour la protection de l’art chinois en Europe (Apace) ayant demandé à la maison de vente le retrait de ce lot arguant que cette pièce « aurait été volée lors du sac du Palais d’été de Pékin en 1860 ». Figurait aussi à cette vente une verseuse chinoise en corne de rhinocéros sculptée en forme de barque, fait rarissime, de la dynastie Qing, XVII-XVIIIe siècle. Estimée 250 à 300 000 euros, elle a été adjugée à 951 000 euros (avec les frais). Belle enchère aussi pour un vase du dernier Empereur chinois en porcelaine à glaçure de type Ge parti à 113 000 euros frais compris (est. 4 à 6 000 euros).

Le même jour, se tenait la vente Art d’Asie de Tajan qui a produit un résultat global de 2,5 millions d’euros frais compris contre une prévision initiale de 815 000 euros. C’est mieux que la vente de juin (1 million d’euros avec frais). L’enchère la plus élevée revient à une statue tibétaine du début du XIXe siècle en bronze ciselé et doré avec rehauts de polychromie représentant le Jambhala blanc monté sur un dragon. C’est une galerie parisienne qui s’est porté acquéreur à hauteur de 1,4 million d’euros frais compris pulvérisant littéralement son estimation de départ de 4 à 6 000 euros. L’important vase couvert en bronze doré et émaux cloisonnés à décor de fleurs, lot de couverture du catalogue, a, quant à lui, atteint 100 000 euros frais compris (est. 20 à 40 000 euros). Petite déception en revanche pour le sceptre Ruyi en jade néphrite céladon à décor dit des « Trois abondances » qui n’a pas trouvé preneur (est. 30 à 50 000 euros). « Il y avait beaucoup de chinois dans la salle. Ce sont eux qui mènent la danse. Mais il n’y avait pas seulement des chinois venus de Chine mais des chinois venus de toute l’Europe », commente Pierre-Alban Vinquant, spécialiste de la vente.

Chez Sotheby's, la vente d'Art d'Asie du mardi 18 décembre a totalisé 8,3 millions d'euros frais compris (contre une estimation de 4 à 5 millions d'euros). 329 lots proposés étaient mis aux enchères avec environ 90 invendus. Contrairement aux précédentes maisons de vente, elle marque une certaine baisse (en juin 2012 : 10,5 millions d’euros et en juin 2011 : 18 millions d'euros). Il n’y a pas eu non plus d’enchère millionnaire.

L'univers bouddhiste a tout de même tenu ses promesses. La plus haute enchère a été remportée par la sculpture impériale d'Amitayus en bronze doré incrustée de pierres dures, dynastie Qing, époque Kangxi (1662-1722), acquise par un collectionneur privé asiatique pour 817 000 euros frais compris doublant son estimation haute à 400 000 euros. La cloche de temple impérial en bronze doré (bianzhong), datée 1713, a été adjugée 241 000 euros avec frais (est. 200 à 300 000 euros), toujours par un collectionneur privé asiatique. Mise à l'honneur, la peinture chinoise du XXe siècle a suscité beaucoup d'intérêt. L’œuvre la plus disputée, Trois pigeons, de Qi Baishi (1864-1957) est partie à 349 000 euros frais compris (est. 30 à 40 000 euros).

Toutes ces ventes totalisent un CA de 33,6 millions d’euros. De l’avis d’Olivier Valmier, « il serait intéressant que les galeries parisiennes s’allient aux maisons de vente afin de créer un véritable évènement. Le marché chinois est très porteur. Il faut agir vite avant qu’il ne se délocalise ». A bon entendeur…

Légende photo

Rare et importante sculpture de Guanyin en bois (ca. XIIIe siècle) - Chine du Nord - 175 cm de hauteur - vente du 19 décembre 2012 chez Christie's Paris - Estimation 200 / 300.000 € - Adjugé 9.025.000 € (frais compris) - Photo www.christies.com

Thématiques

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque